Finance

La solvabilité des pme conditionne leur vie

Saad Hamoumi, président de la commission PME-CGEM.

Consciente de la situation des PME dans un environnement en mutation, la commission des PME de la CGEM a organisé un séminaire le 5 mars sur le thème : «Anticiper et gérer les difficultés financières de la PME». Les différents exposés ont porté sur les aspects financiers et juridiques relatifs aux opérations de redressement, d’insolvabilité et aux situations de faillite. Les participants ont soulevé le manque de l’accompagnement bancaire quand la PME se trouve confrontée à des problèmes de financement.

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lles sont à la fois les acteurs les plus importants mais aussi les plus vulnérables de notre tissu économique. Sans elles, le taux de chômage aurait atteint des dimensions plus dramatiques et notre industrie aurait perdu beaucoup de ses nécessaires relais. Beaucoup d’entre elles, combattent au quotidien pour assurer leur survie. Devant leur banquier, elles sont dans l’obligation d’arborer leurs carnets de commande et de chanter leur optimisme. Devant les syndicats, elles sont dans l’incapacité de prouver leur bonne foi et leur capacité à honorer leurs engagements sociaux. La trésorerie et ses équilibres sont le cauchemar qui hante le sommeil de leurs dirigeants. Demain, pour une PME pourrait faire son bonheur ou la plonger dans le cercle du doute. Un patron de PME ne peut gérer son stress par l’insouciance ou l’oubli. Ses engagements sont réels à l’égard de ses clients, de ses financiers et de l’administration fiscale. Comment font-ils pour assurer la continuité de leurs boites et les faire grandir ? Comment gèrent-ils les moments difficiles qui jalonnent leur quotidien ? C’est à ces questions que nous allons réfléchir.

 Les statistiques concernant les PME marocaines nous dressent un tableau que nous pouvons qualifier d’impressionniste. Ses couleurs sont à la fois éparses et homogènes. Elles font apparaître le tissu familial et la volonté individuelle comme piliers de leur vie ou de leur survie. Selon la définition donnée par la charte de la PME, celle-ci « correspond à une entreprise dont l’effectif permanent ne dépasse pas 200 personnes et qui a réalisé, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre d’affaires annuel hors taxes n’éxédant pas 75 millions de dhs, soit un total de bilan annuel n’excédant pas 50 millions de dhs ». Les PME marocaines sont dans leur majorité loin de ces seuils. 99 % d’entre elles emploient un effectif de moins de 200 personnes, mais continuent de représenter 95 % de notre carte entrepreneuriale nationale et 50% des investissements.

Les difficultés de ces entités sont aussi nombreuses que leurs points forts. Leurs structures sont souvent rigides et mal préparées aux chocs extérieurs, leurs moyens humains et matériels sont limités et elles ont souvent des difficultés pour accéder à l’information et à l’innovation. La gestion de leur trésorerie figure parmi les obstacles qui bloquent leur expansion et provoquent parfois leur faillite. L’apparition des premières difficultés de financement ouvre devant eux les portes de l’enfer financier et peut les plonger dans des processus contentieux qui affaiblissent davantage leurs avoirs. Au moment où elles ont le plus besoin de l’accompagnement financier, elles commencent à goûter l’amer poids de la solitude et de la pression des partenaires. Les fournisseurs leur octroient des délais courts, leurs banquiers les chargent d’intérêts de retards et acceptent rarement d’alléger les conditions de leur financement, et puis arrivent les créanciers ayant un rang privilégié comme le Trésor public pour se servir sur les produits des éventuelles liquidations. Même si nos PME ont une lecture optimiste de leur avenir, comme le relève le «Sage business index 2013» elles continuent, selon ce rapport de considérer que l’environnement économique local est en déclin. Les procédures administratives leur coûtent cher, les banques ne les soutiennent pas et le gouvernement doit exercer une pression pour un meilleur soutien des banques à leurs activités.

 Une initiative pour apporter quelques réflexions à la problématique 

C’est pour traiter de la problématique de la solvabilité des PME que la commission petites et moyennes  entreprises(CMPE) de la CGEM et Financial Services Volunteer Corps(FSVC) ont organisé un séminaire le 5 mars sur le thème « Anticiper et gérer les difficultés financières des PME», avec comme objectifs de former les dirigeants de ces entités à l’identification des facteurs internes et externes susceptibles de mener les entreprises à des difficultés financières, de leur exposer les meilleures pratiques internationales sur la mise en œuvre d’actions concrètes pour une gestion optimale d’une situation d’insolvabilité.

Les experts américains ont lu le contexte marocain sous l’angle de l’impact des démantèlements douaniers qui mettent l’outil de production à rude épreuve et fait baisser la valeur des avoirs des entreprises. Celles parmi elles qui se trouvent dans la difficulté doivent choisir une autre voie que l’insolvabilité. Le recours aux tribunaux peut sauver les droits des débiteurs et des créanciers. 

Les signes qui doivent être captés et qui constituent un avertissement à l’entreprise sont nombreux. Parmi eux, figurent la baisse des profits et les pertes opérationnelles. Dans ces cas, le responsable doit étudier et s’informer sur son environnement et notamment sur le secteur au sein duquel il opère et ce, pour voir les tendances qui se dessinent au niveau des autres entreprises. Ce travail d’analyse et d’information est essentiel pour éviter les faillites.  

L’autre élément à surveiller est la trésorerie. Toute insuffisante a un impact direct sur la capacité d’honorer les engagements pris. L’accumulation des retards de paiements conduit à des conflits qui poussent nécessairement à faire le choix de la voie des tribunaux. Cette voie est coûteuse en experts, avocats, liquidateurs et profite rarement à l’entrepreneur. C’est pour ces raisons que les plans de redressement sont beaucoup plus bénéfiques. Ils doivent être clairs et réalistes et permettre des accords à l’amiable en cas de difficulté. 

Les débats ont porté lors de ce séminaire sur les problèmes d’évaluation des avoirs, sur le coût de la solution judiciaire, sur l’absence d’un accompagnement bancaire dans le processus de redressement. Au Maroc, la garantie physique est plus importante pour les banques que les plans prévisionnels des chiffres d’affaires, a affirmé un participant.

Aux Etats Unis, la réglementation et la pratique bancaire protègent l’entreprise. La banque est un partenaire qui accompagne le client durant la difficulté. Ce ne sont pas les commerciaux qui arrivent pour étudier les situations des entreprises en difficulté, mais des spécialistes du redressement. Les experts ayant encadré ce séminaire ont insisté sur le concept de « l’éducation financière ». Celle-ci permet de produire l’information financière, détermine le comportement de l’entrepreneur et les contours du processus des flux en fonction des engagements. 

 

 
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