La Suède a déclaré la guerre économique au Maroc… depuis longtemps
La question nationale mobilise les marocains depuis toujours et continuera à les mobiliser. Si tous les citoyens sont présents, certains responsables ne sont pas toujours au rendez-vous. Nabila Mounib a signé sa première sortie diplomatique, en menant une délégation de « la gauche marocaine » sur les terres suédoises, notre ambassade est toujours sans meneur, pour ne pas dire sans « militant » et notre personnel diplomatique sur place ne maitriserait pas la langue suédoise. par driss alandaloussi
Nos échanges commerciaux sont en faveur de la Suède, avec un chiffre à l’export qui avoisine les 3 milliards de DH et les entreprises de ce pays font partie depuis longtemps, du paysage marocain (Volvo, Ericsson). Les responsables suédois ne comprennent pas la réaction des Marocains et la jugent «surprenante ». Avec leur sang-froid nordique, ils boycottent les produits de nos régions du sud et toutes les entreprises qui travaillent dans ces zones. Tout cela n’est pas « grave ». Entre-temps les règles régissant le commerce international sont bafouées au nom de l’ « investissement responsable » et la prééminence de la norme juridique communautaire issue, entre autres, des conventions internationales signées par l’UE n’est plus prioritaire. Boycott pour boycott et les autres choses suivront! Nous devons néanmoins, nous attendre à des réactions norvégiennes semblables à celles de la Suède. A nous d’agir par tous les moyens dont nous disposons…
Un lobbying efficace de
nos ennemis
A l’origine de cette guerre « officieusement déclarée », un grand lobbying algérien et des organisations non gouvernementales trop impliquées dans le dossier du Sahara. La Suède s’est transformée en une autorité internationale, qui fait fi des engagements conventionnels de l’Union Européenne en les dénonçant unilatéralement . Les entreprises opérant dans les secteurs de la pêche, des phosphates, de la prospection pétrolière et même les transporteurs des hydrocarbures sont dans la ligne de mire de l’artillerie de ce pays. C’est une histoire qu’il faut lire avec objectivité en exposant les faits , les décisions et les plans d’exclusion de toute entreprise qui opère dans nos provinces du sud. Il ne s’agit point d’un différend sur Ikea ou ses prix exorbitants, mais d’un profond mouvement qui veut nuire aux intérêts du Maroc. Les dollars qui ont coulé entre les mains des lobbyistes et notamment, l’association Emmaüs- Stockholm, ont permis de financer des actions anti marocaines.
Une absence de réactivité de notre part
Les mouvements politiques englobant la gauche, les socio-démocrates et les écologistes ont été emportés par une ignorance de l’histoire de la colonisation et par une «tendance naturelle » à appuyer tout ce qui glorifie par les discours séparatistes. La racine du mal remonte à 2002, lorsque la question des ressources naturelles du Sahara a été confiée à un expert suédois et le processus a continué dans les différents forums. Notre manque de réactivité a laissé un terrain libre aux artistes de la description des malheurs par des amplifications sentimentales. Les gens du Nord de l’Europe cherchent des causes à appuyer et nous avons été absents pour leur faire part de notre vision de l’histoire marocaine et de l’impact de la guerre froide sur la grossesse qui a donné lieu au Polisario.
L’accord de pêche et la condamnation des sociétés suédoises
Les accords de pêche avec l’Union Européenne ne peuvent définitivement entrer en vigueur, sans passer par le parlement européen. Au-delà des discussions techniques liées à la préservation des ressources halieutiques et des contreparties financières de l’entrée dans les eaux marocaines des bateaux européens, la politique est une composante très importante dans le processus de négociation et d’approbation des accords. La question de l’intégrité nationale du Maroc est toujours mise en avant pour retarder, reporter et tenter de faire échouer tous les accords, y compris ceux portant sur les échanges en matière agricole et minière. Les députés européens suédois n’ont que rarement voté les accords entre l’UE et le Maroc. Des sociétés suédoises ont été poursuivies pénalement, pour avoir exercé des activités de pêche dans le sud du pays entre les mois d’avril 2007 et mai 2008. Il s’agit des sociétés « Fiskeri Ghnadi » et « Fiskeri Nordic», propriétaires de deux bateaux qui ont « intentionnellement ou par imprudence grave, pratiqué la pêche professionnelle au large du Sahara Occidental avec des navires immatriculés au registre des navires suédois…» comme il ressort de la décision de renvoi des autorités de la Suède, telle que rapportée par le texte de l’arrêt de la Cour européenne de justice. Au-delà de l’habillage juridique de l’affaire des deux bateaux et de la prudence affichée par la Cour dans son avis sur l’interprétation des dispositions de l’accord de pêche et des autorisations nécessaires requises auprès des autorités européenne et suédoise, l’objectif est d’interdire aux bateaux suédois de pêcher dans les eaux du sud marocain et ce, malgré le fait que le citoyen suédois contribue aux indemnisations financières européennes au Maroc.
Le partenaire canadien de l’OCP et les sanctions subies
L’autre volet de la guerre économique déclarée par la Suède au Maroc, porte sur la production des phosphates, leur valorisation et leur exportation. L’arme utilisée consiste à intimider les partenaires de l’OCP en tant que fournisseurs ou clients pour qu’ils ne prennent part à aucune opération ayant comme lieu de production ou de valorisation le Sahara Marocain. La victime de la dernière opération, est la société canadienne « AGRIUM » Celle-ci s’est vue exclue des champs des investissements de la caisse de retraite suédoise, à la suite de la convention signée avec l’OCP en 2011, pour une durée de dix ans. La mention relative à « Phosboucraa » a réveillé les démons anti-marocains des autorités, en les poussant à considérer l’investissement dans «AGRIUM» comme étant contraire aux principes de «l’investissement responsable ». Malgré les explications apportées par la société «incriminée » sur l’impact des investissements de l’OCP sur la qualité des infrastructures dans les régions du sud marocain, la « KLP» l’a inscrite dans sa liste noire, au même titre que des societés appartenant à des pays qui portent « atteinte « aux droits de l’homme, ou qui font travailler des enfants mineurs ». La liste des sociétés et pays qui disparaissent du portefeuille des investissements de KLP, est extensive et augmente au gré des « jugements impartiaux » prononcés par les prophètes des temps modernes en Suède.
Les produits agricoles marocains, la prospection pétrolière et le transport des hydrocarbures
Les efforts déployés par le Maroc depuis 1975 pour combler le fossé dans lequel ses régions libérées du sud ont été poussées par des décennies de colonisation, n’ont aucun impact sur la lecture positive d’une partie de la classe politique suédoise. La propagande des ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc est tellement efficace, qu’elle fait oublier les réalisations en matière d’infrastructures et de dynamisation de l’activité économique. Même la tomate est incriminée par la Suède lorsqu’elle est produite dans le sud marocaine. Quatre chaînes de magasins suédois ont été poussées à renoncer à l’importation des produits du Sahara. Il s’agit de « Axfood, de Coop, de ICA et de Bergendahls/city Gross. Même les tablettes oméga 3 contenant de l’huile de poisson, ont été condamnées pour l’origine des poissons ayant servi de produits de base de fabrication. Certains produits portant Le label Maroc, France ou Hollande ont été fortement soupçonnés de cacher la vraie origine des intrants. La prospection pétrolière et les transports des hydrocarbures n’ont pas échappé non plus, au regard malveillant de la Suède. Les sociétés ayant des licences de prospection dans le sud marocain sont considérées comme éligibles au boycott. C’est dire que la guerre économique est réelle et ne peut être lue à travers des phrases diplomatiquement dosées. Nous ne pouvons avaler la pilule de l’encouragement des échanges libres et de l’ouverture des marchés à travers une intensification des transactions, lorsque l’essentiel est remis en cause. Le processus de recherche d’une solution acceptée par toutes les parties concernées par l’affaire du Sahara est invisible pour le gouvernement suédois .