Banques

La suppression des emplois s’accélère

Dans le secteur bancaire européen, la tendance est à la suppression des postes d’emploi. Outre les facteurs d’ordre conjoncturel comme la guerre commerciale américano-chinoise, le Brexit et les taux d’intérêts extrêmement bas, la révolution numérique ne laisse plus le choix aux dirigeants de banque. Ils sont obligés de s’adapter pour ne pas perdre du terrain face aux nouveaux arrivants (néo-banques, géants d’internet, FinTech), ce qui n’est pas sans conséquences sur les emplois. 

Le secteur bancaire connaît des suppressions d’emplois d’une grande ampleur dans de nombreux pays. Au niveau mondial, le nombre d’emplois qui seraient supprimés dépasse 73 000 postes dont 86% concernent l’Europe où les établissements bancaires se trouvent confrontés à une faible croissance et à des taux faibles, voire négatifs.

En Allemagne, l’un des pays les plus touchés, la Deutsche Bank envisage de réduire ses équipes de plus de 18.000 personnes, soit un cinquième de ses effectifs. La première banque allemande souffre toujours des conséquences de la crise financière de 2008. De son côté, la Commerzbank, deuxième banque du pays, compte supprimer pas moins de 4300 postes.

Au Royaume-Uni, la banque internationale HSBC, a annoncé le 18 de ce mois que ses effectifs passeraient de 235.000 personnes à 200.000 dans trois ans, soit une suppression de 35.000 postes. L’objectif étant de réduire les coûts de 4,5 milliards de dollars par an. Les États-Unis seront les plus affectés par cette restructuration, où le réseau d’agences sera réduit d’environ un tiers. Quant au vieux continent, le géant britannique va surtout réduire «ses ventes et ses activités de marché» ainsi que «ses activités de recherche». Dans le même temps, la Barclays a procédé à la suppression de 3000 postes au cours du deuxième trimestre 2019.

Chez notre voisin du Nord, la banque Santander a annoncé en juin 2019, la suppression de 10% de ses effectifs en Espagne, soit 3200 emplois. Cette opération de restructuration intervient suite à l’absorption de sa rivale Banco Popular. Une autre grande banque espagnole CaixaBank a annoncé un plan de départs volontaires comportant la suppression de 2000 postes. 

La France n’est pas à l’abri de ce mouvement. La Société Générale a dévoilé un plan de suppression de plus de 2000 postes, ce qui va lui permettre de réaliser une économie d’environ 500 millions d’Euros, particulièrement au niveau de sa banque d’investissement. BNP Paribas Asset Management s’apprête de son côté à réduire de 10% ses effectifs à Paris, soit une centaine de postes.

Obligation d’innover

Quels sont les facteurs à l’origine de ces plans de départ ? Il y a d’abord la conjoncture ; les banques trouvent d’énormes difficultés à évoluer dans un environnement marqué par des taux d’intérêts très bas imposés par la Banque Centrale Européenne (BCE) et les tensions politico-commerciales entre les puissances économiques, en premier rang la Chine et les Etats-Unis.

Toutefois, de nombreux observateurs estiment que ces suppressions d’emploi ne peuvent pas être imputées à une simple conjoncture politico-économique. Selon eux, la course à la digitalisation ainsi que l’arrivée de nouveaux acteurs à la pointe de la technologie (néo-banques, FinTech…) y sont pour beaucoup. Il ne s’agit donc pas d’un choix des dirigeants de ces banques, mais plutôt d’une tendance lourde qui s’impose à eux s’ils veulent garder leur clientèle.

Les banques sont donc obligées d’innover pour faire face à la concurrence des nouveaux arrivants sur le marché et au changement des habitudes des consommateurs. En effet, selon une enquête réalisée en France au mois de septembre 2019, plus de 39% des français se connectent 1 fois par jour pour consulter leur compte bancaire. Ce taux est même de 42% chez les plus de 60 ans. Et pour 65% des personnes interrogées, le smartphone est l’appareil le plus utilisé. C’est ce qui explique que les néo-banques ont le vent en poupe, puisque 78% des jeunes se disent attirés par les services qu’elles offrent et 51% déclarent que les banques traditionnelles manquent d’innovation.

Il semble donc que la digitalisation des opérations bancaires n’est pas sans conséquences sur l’emploi, même si certains soutiennent que les postes détruits seront largement compensés par la création des nouveaux postes. En France par exemple, le secteur bancaire qui comptait 365 000 emplois en 1986, n’en compte plus que 221.000 en 2016, soit une diminution de 40% des effectifs en 40 ans. Cette tendance baissière est appelée à s’accélérer puisque selon certaines études, la « date d’extinction estimée des employés de banque se situe entre 2038 et 2051 ».

 
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