Monsieur Benhamza est président du Conseil des Oulémas d’Oujda et membre du Conseil national chargé des fatwas. Il vient de décréter qu’il était « illicite », haram de travailler pour les entreprises dont le business est lié aux paris, aux jeux de hasard. Les salariés, croyants de ces entreprises devraient démissionner tout de suite, selon le sieur Benhamza.

Ce qui vaut  pour les jeux de hasard, vaut pour l’alcool. Les centaines de milliers de Marocains qui gagnent leur vie dans le tourisme, dans les hôtels, les restaurants, les bars, s’ils veulent sauver leur âme, doivent s’inscrire au chômage.

Ce monsieur est payé par l’Etat. Dans les recettes du Trésor, une partie provient des taxes sur les jeux et l’alcool. Najib Akesbi, l’économiste, le rappelle avec un à propos très pertinent. Benhamza le fkih officiel, aseptisé, garanti « Makhzen pur jus », n’a jamais refusé ses émoluments « Haram » à coup sûr, selon sa propre « fatwa ».

Il faut revenir à la raison. L’alcool et les jeux existant dans toutes les sociétés, y compris à la Mecque. Les encadrer, faire de la prévention est le rôle de l’Etat. Le Chef du gouvernement Islamiste, ne peut pas savoir que sur les 100.000 DH qu’il perçoit mensuellement, il n’y en a pas un ou deux qui proviennent de l’Illicite, du « Haram ».

Au-delà des convictions religieuses de tout un chacun, qui sont toutes respectables tant qu’elles se cantonnent dans le domaine privé, il faut en finir avec l’hypocrisie. La société marocaine est ce qu’elle est. Des Marocains consomment de l’alcool, s’adonnent aux jeux de hasard, ont des relations sexuelles hors mariage. Ils sont des millions, ce qui n’empêche pas une majorité d’entre eux à se réclamer de l’Islam. L’hypocrite Benhamza, qui se fait payer sur les taxes récoltées par le biais de ce business, n’a pas à conseiller aux salariés, au nom de la foi, de quitter leur travail. Par contre, les élus, dans le cadre du droit, ont l’obligation et le devoir de légiférer en matière de prévention. Ils ne le font pas parce que nous sommes « un Etat musulman ». C’est absurde, mais c’est comme ça.