L’Administration Biden rapatrie un détenu de Guantánamo Bay au Maroc
L’administration américaine a transféré le 19 juillet un détenu hors du centre de détention de Guantánamo Bay pour la première fois. Il s’agit du détenu de nationalité marocaine, Abdullatif Nasser, renvoyé au Maroc, après avoir passé plusieurs années à Guantánamo Bay.
« Le prisonnier marocain, Abdullatif Nasser, âgé d’une cinquantaine d’années, a été autorisé à être rapatrié par une commission d’examen en juillet 2016, mais est resté à Guantanamo pendant toute la durée de la présidence Trump », précise l’agence de presse américaine AP (Associated Press), dans l’une de ses publications du 19 juillet. Abdullatif Nasser devient ainsi le premier détenu à être rapatrié dans son pays d’origine sous l’administration Biden. Les Etats-Unis ont ainsi salué la collaboration du royaume dans ce dossier dans un communiqué officiel publié ce lundi, et relayé par l’Ambassade US au Maroc.
« Le leadership du Maroc dans la facilitation du rapatriement de Nasser et sa volonté récente de rapatrier ses ressortissants combattants terroristes au nord-est de la Syrie, devraient encourager les autres pays à rapatrier leurs citoyens ayant voyagé pour aller combattre aux côtés des organisations terroristes à l’étranger. Sous le leadership de S.M. le Roi Mohammed VI, le Maroc et les Etats-Unis ont consolidé leur longue coopération dans le domaine de l’antiterrorisme et travaillent en étroite collaboration pour préserver la sécurité nationale des deux pays », précise le communiqué.
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Associated Press rapporte que le processus du Conseil d’examen périodique a déterminé que la détention du détenu Nasser n’était plus nécessaire pour protéger la sécurité nationale des États-Unis, citant un communiqué du Pentagone publié le 19 juillet. On apprend ainsi que le conseil d’administration a recommandé l’autorisation du rapatriement du détenu, mais que cela n’a pas pu être achevé avant la fin de l’administration Obama. « Le transfert de Nasser pourrait suggérer que le président Joe Biden fait des efforts pour réduire la population de Guantanamo, qui s’élève désormais à 39 détenus.
Les présidents George W. Bush et Barack Obama ont soutenu le processus de transfert des prisonniers, mais il a stagné sous le président Donald Trump », poursuit Associated Press. On note toutefois que la possibilité que d’anciens prisonniers de Guantanamo reprennent des activités hostiles est depuis longtemps une préoccupation qui a joué dans le débat sur les libérations. « Le bureau du directeur du renseignement national a déclaré dans un rapport de 2016 qu’environ 17 % des 728 détenus qui avaient été libérés avaient été confirmés et 12 % étaient soupçonnés de reprendre de telles activités », indique AP.
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Associated Press rappelle que le voyage de Nasser à la prison cubaine fut long et qu’il était membre d’un groupe d’islam soufi marocain non violent mais illégal dans les années 1980, selon son dossier du Pentagone. « En 1996, il a été recruté pour combattre en Tchétchénie, mais s’est retrouvé en Afghanistan, où il s’est entraîné dans un camp d’al-Qaida. Il a été capturé après avoir combattu les forces américaines et envoyé à Guantanamo en mai 2002 », explique AP, ajoutant qu’un responsable militaire non identifié nommé pour le représenter devant la commission d’examen a déclaré qu’il avait étudié les mathématiques, l’informatique et l’anglais à Guantanamo, créant un dictionnaire arabe-anglais de 2000 mots. « Le responsable a déclaré au conseil d’administration que Nasser regrette profondément ses actions du passé et a exprimé sa confiance qu’il se réintégrerait dans la société », conclut Associated Press.