Lagarde et les finances publiques arabes : leçons à méditer
Lors d’une intervention à Dubaï devant les participants au forum sur les finances publiques dans les pays arabes, Christine Lagarde, DG du FMI, a montré combien il est important que les politiques des finances publiques jouent un rôle important pour réaliser les objectifs du développement durable.
Elle a su démontrer la relation très profonde entre « les fondations des politiques de finances publiques et de la bonne gestion budgétaire. » Ces fondations déterminent la crédibilité des politiques et peuvent faire « vaciller » les meilleures politiques de finances publiques. Il faut réunir des cadres budgétaires robustes et assurer une bonne gouvernance et une transparence.
Des économies et des gestions encore fragiles
La DG du FMI a brossé un tableau gris pour décrire la situation des économies arabes. Les pays importateurs de pétrole n’arrivent pas encore à enregistrer une croissance suffisante pour retrouver celle enregistrée avant la crise de 2008. Les déficits publics se sont aggravés et le volume de la dette publique a connu une évolution de 21% par rapport au PIB en une décennie. Le niveau d’endettement des 90% du PIB a été atteint par beaucoup de pays.
L’autre groupe constitué par les pays exportateurs de pétrole « pansent encore leurs plaies après la brusque chute des cours survenue en 2014. » Ces pays connus pour leurs grands avoirs financiers ont emprunté la voie de l’endettement. Leur dette est passée de 13% du PIB en 2013 à 33% en 2018. Ils ont, pour la première fois, ouvert les champs des recettes fiscales domestiques et notamment la TVA pour couvrir une partie des dépenses publiques. Ces évolutions s’opèrent dans un environnement international marqué par un essoufflement en matière de croissance et faisant face à beaucoup de zones de risque.
Transparence et corruption
Saluant l’action de l’Émir de Dubaï, Christine Lagarde a mis en relief la politique de la prospérité partagée qui profite, selon ses dires, aux plus pauvres, à la classe moyenne et aux locaux comme aux immigrés. C’est un message adressé en réalité aux décideurs de la région pour leur rappeler la nécessité de mettre en place un « espace budgétaire pour les dépenses de santé et d’éducation».
La vision du partage de la prospérité « c’est celle où l’équité prévaut sur le népotisme et le favoritisme, et où l’action de l’Etat concourt au bien commun en suscitant la confiance des citoyens». Elle met, par ailleurs, en relief l’importance de la crédibilité budgétaire en signalant que beaucoup de dépenses non inscrites au budget sont financées par des fonds souverains, loin du respect des procédures.
Après avoir souligné l’importance de l’accès aux services publics à tous et non pas seulement à ceux qui ont des moyens ou des relations, elle a tenu à mettre l’accent sur les relations entre l’état de santé des institutions et le degré de pénétration de la corruption dans les champs de la gestion publique.