Lahcen Zelmat : « Des centaines d’enseignes hôtelières vont déclarer faillite dans les semaines à venir »
Les professionnels de l’hôtellerie ne savent plus à quel saint se vouer. La saison estivale tire à sa fin, mais rien. Ils accusent, entre autres, le gouvernement de ne pas avoir tenu ses promesses. Lahcen Zelmat, Président de la Fédération Nationale de l’Industrie Hôtelière, revient sur les déboires du secteur.
La période estivale tire lentement à sa fin et les restrictions imposées par le gouvernement sont toujours en vigueur. Où en est le secteur à l’heure actuelle ?
Il n’y a rien à l’horizon. Nous sommes toujours dans l’attente, et cela dure depuis plusieurs mois déjà. C’est le blackout total. Même la convention avec la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale) et décrets d’application, qui devaient être signés depuis un mois, sont toujours en stand by. Le ministre des Finances n’a pas encore signé, et les promesses faites jusque-là ne sont pas tenues. On a l’impression que du moment où les fonctionnaires sont bien payés, et surtout payés à temps, le reste n’a plus d’importance pour ce gouvernement. Malheureusement, jusqu’à présent, c’est du cinéma.
La fédération n’a tenu aucune convention depuis, avec le ministère de tutelle ?
Non. Nous n’avons eu aucun contact depuis la signature du contrat-programme. Et tout cela au détriment des professionnels. Le Contrat-programme signé est censé offrir du répit dans la conjoncture actuelle, mais force est de remarquer que, malgré l’urgence, les autorités préfèrent encore traîner les pas.
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Dans ces conditions, quelle est la situation actuelle en ce qui concerne les emplois dans le secteur de l’hôtellerie ?
Les professionnels digèrent mal la situation. Sur le terrain, c’est la catastrophe parce que 99% des employeurs n’ont pas encore payé leurs employés. Tout le monde attend le signal du gouvernement. Rien n’est clair. Nous sommes dans le flou total. Beaucoup d’emplois ont été détruits déjà, ça ne risque pas de s’améliorer de sitôt. 80% des entreprises sont en arrêt, et n’ont donc pas les moyens de payer leurs employés, malheureusement. Mais, cette semaine sera décisive. Il y a le Conseil de gouvernement jeudi prochain et j’espère qu’il y aura des discussions sur la pénible situation du secteur touristique, et que des décisions vont être prises. Nous gardons espoir, car c’est la dernière chance. Si des décisions ne sont pas prises cette semaine, cela veut dire que les employés n’auront pas un centime pendant trois mois, et lorsqu’on sait que nous sommes dans une période de rentrée scolaire, il va sans dire que la situation sera très délicate. Mais, nous constatons que les autorités semblent insensibles à tout cela. Jusqu’à présent, le gouvernement nous a démontré qu’il est toujours à côté de la plaque, parce qu’à chaque fois, il fait le contraire de ce qu’il faut. Nous avons l’impression qu’il n’y a pas de cohésion au sein du gouvernement, chacun fait selon son bon gré.
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Le secteur enregistre déjà beaucoup de faillites…
Il n’y a aucun espoir pour le moment tant que les frontières aériennes ne seront pas ouvertes. Le tourisme interne est à terre. Même avec une réservation, les gens ne peuvent pas voyager parce qu’il y a des policiers partout qui les empêchent d’aller d’une ville à une autre. Au vu de la situation, il y aura des faillites en cascade bien sûr. de nombreuses enseignes hôtelières dans les différentes villes du Royaume misent beaucoup sur le Conseil de gouvernement de cette semaine. S’il n’y a aucune décision concrète, elles vont commencer à déclarer faillite. Nous n’avons pas encore des statistiques établies, mais on parle déjà, dans un premier temps, de plus de 150 hôtels qui vont devoir fermer définitivement. C’est malheureux, parce que ce sont des emplois (et donc des vies) qui sont ainsi détruits.
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