Politique

L’Algérie dans la tourmente

Le printemps algérien a commencé, mais l’issue est très incertaine et dépend de la réaction du système. 

Le cinquième mandat ne passe pas auprès de la jeunesse algérienne. Dans ce pays où plus de 60 % de la population ont moins de 30 ans, la perspective d’un nouveau mandat, d’un homme de 80 ans, totalement handicapé, dans le paysage depuis 1962, a été ressentie comme une provocation, une humiliation. Il a suffi d’un appel anonyme sur internet, pour que des milliers sortent dans la rue.

Le pouvoir algérien a utilisé la décennie noire, celle du terrorisme qui a suivi l’arrêt du processus électoral par l’armée, pour verrouiller la vie politique, empêcher toute respiration démocratique. C’est nous ou le chaos disait-il au peuple algérien. Cela a fonctionné pendant 20 ans.

Lors du printemps arabe, quatorze partis et associations ont appelé à manifester, il y avait 400 manifestants au maximum et en face 5.000 militaires prêts à en découdre. Personne n’a plus bougé.

Ce chantage à la terreur ne fonctionne plus. Les manifestations sont interdites dans la capitale depuis 2001, pourtant, ils sont des milliers à sortir chaque jour. Le pouvoir tergiverse, laisse faire souvent, réprime sauvagement parfois, mais sent bien qu’il a perdu la main.

La réponse ne peut être que politique et sur ce registre, on n’y est pas du tout. Comme tous les régimes totalitaires en butte à une révolte populaire, la première attitude c’est le mépris. Le chef du FLN déclare « ceux qui veulent le départ de Bouteflika rêvent, beaux rêves et bonne nuit ». Un ministre déclare «les Algériens mangent du yaourt chaque jour». L’effet c’est une mobilisation plus grande.

Le régime est très faible pour deux raisons. L’armée et les renseignements n’ont pas pu trouver un autre homme lige que la momie Bouteflika. Cela signifie que les dissensions à l’intérieur de l’appareil sont telles, que le petit dénominateur commun l’emporte. Et ce, alors que les Belkhadem, Sellal piaffent d’impatience.

La seconde raison, c’est que la distribution de la rente s’essouffle. Les prix des hydrocarbures ont chuté, le faux secteur privé est trop vorace, et la jeunesse de la population est une contrainte, par l’étendue des besoins à satisfaire.

Nul ne peut souhaiter un nouveau cycle de répression, qui engendrera des réactions violentes à n’en pas douter. Mais cela dépend de la réaction de l’armée.

Plusieurs issues, allant dans le sens de l’ouverture, existent. Retirer la candidature de Bouteflika et lui substituer un homme plus neuf en est une. Car aucune personnalité de l’opposition n’émerge. Cela ne sera pas suffisant, car il faudra aussi ouvrir le champ politique.

Ce changement, pourtant à minima, n’a pas les faveurs des caciques. Ils veulent passer en force au risque de brûler leur pays.

 
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