L’année de tous les dangers ( Par Jamal Berraoui )
La session qui s’ouvre déterminera le sort de toute la législature. La nouvelle majorité doit s’activer sur le plan législatif sur plusieurs fronts. L’adoption des lois organiques, nécessaires à la concrétisation de la Constitution du 1er juillet, au moins en partie parce qu’il en faut 18 est cruciale. L’organisation des élections municipales et régionales ne peut supporter aucun report. D’abord parce qu’elles étaient prévues dans le sillage des législatives. Ensuite parce qu’elles permettront de mettre fin à la situation anachronique de la seconde chambre. C’est cette année ou jamais, si l’on tient à garder un minimum de crédibilité, de respectabilité aux institutions. Sans cette crédibilité il n’y a pas d’adhésion populaire à l’idée démocratique, et sans cette adhésion, il faut trouver d’autres voies, pas toutes sans risques.
Ce chantier n’occulte pas les autres. L’exécutif devra faire passer ses réformes sur les retraites et la Caisse de Compensation dans un climat social tendu qui aura son impact sur les travaux du parlement. L’opposition est agressive, c’est son rôle, mais pas dans le bon sens. Pour sa décharge, on peut dire que la faiblesse de la production législative, laisse tout l’espace à la politique politicienne qui n’est pas d’une grande noblesse.
L’opposition ne peut pas s’opposer à des projets de politiques publiques qui n’existent pas.
On verra dès la présentation de la loi de Finances si les hommes politiques sont dans cet état d’esprit. Faite dans des conditions bizarroïdes, dans la précipitation, on nous annonce qu’elle comportera, tout de même, des aménagements fiscaux et des mesures sur les retraites. De la qualité du débat dépend la suite.
La majorité n’a plus que deux ans pour réaliser, au moins une partie de son programme. L’année préélectorale, dans une législature, n’est jamais celle des grandes réformes, mais plutôt celle des cadeaux. Le PJD, s’il rate le coche lors de cette session parlementaire, risque de rester lié dans l’histoire à la législature blanche. Ce qui constituerait une catastrophe, non pas pour les Islamistes, mais pour le pays.