L’assurance sécheresse, un dispositif mature
L’émergence de l’assurance sécheresse a été rendue possible grâce au partenariat entre l’Etat et l’assureur historique -MAMDA-. En fin de parcours, le bilan est aujourd’hui largement positif et promet encore de belles perspectives pour l’avenir. propos recueillis Par Abdelfettah ALAMI
Challenge : Quel est le dispositif de financement de la prime payée par l’agriculteur assuré au titre de la couverture «multirisque climatique agricole» et quels sont les seuils d’indemnisation?
Khalid Abdellaoui : La subvention de la prime d’assurance Multirisque Climatique céréales et légumineuse est comprise entre 53% et 90% et ce, en fonction du niveau de capital garanti. Le tableau ci-dessous synthétise la prime, ainsi que le capital garant.
L’accent a été porté, lors de la construction du produit Multirisque Climatique, sur l’aspect social des agriculteurs avec un niveau de subvention de la prime élevé (90%) pour les petits agriculteurs fixé à hauteur de 16 dirhams / ha. Les grands agriculteurs, dont la subvention est de 53% de la prime payée, doivent s’acquitter de 368 DH / ha pour un capital de 4.350 DH.
Il est à noter que ce type de produit est fortement subventionné au niveau international :
• Chine : 90%
• Brésil : 90%
• Chili : entre 50% et 90%
• Mexique : entre 70% et 90%
• France : 65%
• Canada 60%
• Etats-Unis : entre 41% et 49%
Un projet de mise en place d’un dispositif plus moderne, celui de la multirisque climatique indicielle est en cours de préparation. Quelle échéance prévue pour sa mise en application? Quels sont les intérêts et les limites d’un tel système?
Parmi les avantages de l’assurance paramétrique, nous pouvons noter la limitation de l’aléa moral et politique, la réduction des coûts des expertises sur le terrain et surtout l’indemnisation très rapide des agriculteurs. Afin de pouvoir mettre en place cette assurance, de nombreux investissements coûteux devront être réalisés, notamment en équipement de mesure (sondes). La mise en place de l’assurance paramétrique est tributaire de certains éléments, notamment :
• L’analyse des données climatiques et météorologiques disponibles et le calibrage des paramètres retenus
• Détermination des besoins en infrastructure et équipements
• Modélisation du coût : montant de la prime, investissements à réaliser,
• Analyse du niveau d’acceptation du produit par les parties prenantes (agriculteurs, réassureurs, Etat, …).
Les projets d’assurance paramétrique ont été lancés dans de nombreux pays, développés ou en voie de développement. Néanmoins, exceptés en Inde et au Mexique, les assurances basées sur les indices sont surtout mises en œuvre sous forme de projets pilotes.
Quel est le bilan de l’assurance MRC depuis son lancement en 2011 ?
Il faut rappeler préalablement, qu’il existait depuis 1994 un système de garantie de la production céréalière contre la sécheresse pour le blé tendre, blé dur et orge. Ce programme de garantie, qui repose sur la prise en charge par l’Etat de la cotisation de l’agriculteur à hauteur de 50%, permet à ce dernier de se couvrir contre la sécheresse moyennant une cotisation à partir de 60 dirhams par hectare. Grâce à cette première expérience, nous ayant permis d’obtenir des statistiques sur 15 ans, un produit d’assurance a pu être créé par MAMDA, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime. Le produit Multirisque climatique est venu ainsi remplacer cette garantie de l’Etat contre la sécheresse avec l’élargissement des cultures concernées au maïs, aux légumineuses (fèves, lentilles, petits pois, pois chiches, haricots) et aux oléagineuses (tournesol et colza).