Blog de Jamal Berraoui

Le bal des barbares ( Par Jamal Berraoui )

Tout se passe comme si les scènes de crime moyen-orientales étaient en concurrence. L’Egypte retient l’attention des médias, monopolise les écrans, alors la Syrie réplique, il n’est pas question de se laisser surpasser sur l’échelle de l’horreur, puisque le sang attire, dans ce contexte morbide unique dans l’histoire.
Qui a gazé les faubourgs de Damas ? Probablement les forces loyalistes même si elles affirment le contraire. Selon leur version ceux qu’elles appellent les terroristes ont commis cet odieux crime, au moment où une délégation de l’ONU est sur place, pour accuser le gouvernement Assad. On imagine mal les opposants tuer les populations qui les soutiennent.
La raison, le simple bon sens écarte cette hypothèse, mais c’est la folie qui règne alors qui sait ?

A trois mille kilomètres, impuissants, totalement impuissants, nous ne pouvons que consommer les images, ressentir du dégoût, de la compassion, un véritable sentiment de révolte et après ? Il n’y a rien d’autre à faire que de tirer ce sentiment de révolte impuissante comme un boulet, ou pire sombrer dans une mal-vie presque dépressive. Culturellement nous avons grandi, même quand nos convictions politiques sont contre, dans l’idée que cette sphère est la nôtre, qu’il s’agit là de nos frères, que nous partageons un devenir. C’est ce qui explique l’incapacité de la majorité d’entre nous à vivre ces évènements loin des passions.

Or collectivement nous n’avons aucun intérêt à en faire un objet de débat interne. Individuellement il vaut mieux zapper, s’intéresser au foot qui reprend, chercher un bout de plage tranquille, profiter des derniers jours de vacances. Les guerres civiles sont rarement propres, on a vu dans celles qui ont ravagé l’ex-Yougoslavie la capacité de l’homme à sombrer dans l’horreur. Mais là on atteint des sommets. Notre impuissance est avérée, celle de la communauté internationale l’est aussi.
Selon certains médias, des réfugiés Syriens seraient réduits à la mendicité devant les mosquées. Là nous pouvons agir pour organiser une chaîne de solidarité leur assurant un accueil digne dans notre pays. C’est dérisoire face à la blessure de chacun d’entre nous, mais c’est utile et concret.
Si l’Egypte continue sa course vers l’abîme, ce qui est plus que probable, d’autres refugiés essayeront d’atteindre le Maroc. Notre pays apparaît comme un havre de paix alors que la région s’embrase. Il est donc normal que d’aucuns tentent de préserver leur famille en y arrivant. Les Marocains eux dans leur majorité, même quand ils ne sont pas croyants prient Dieu de nous préserver de la barbarie.

 
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