Le big data, une arme high tech contre la propagation du coronavirus
En l’absence d’un vaccin et d’un médicament efficaces, seuls l’hygiène et le confinement peuvent circonscrire la propagation du virus. Toutefois, une lutte contre la pandémie passe aussi par une information précise, riche, accessible et en temps réel.
Forts de leur savoir-faire en matière de nouvelles technologies, certains pays d’Asie ont mobilisé le big data et le croisement des données pour le suivi à la trace des personnes infectées par le COVID-19. La carte interactive mise en ligne par ces pays a permis de suivre au jour le jour les foyers d’infection, le nombre de personnes touchées, leurs symptômes, leur âge, leur sexe, leur nationalité et même la rue où ils vivent.
C’est grâce au suivi à la trace des malades que Singapour a réussi à déceler trois fois plus de cas que les autres pays. Les personnes tracées sont assignées au confinement pour quatorze jours. Elles reçoivent des appels vidéo et des visites impromptues pour s’assurer du respect strict du confinement sous peine du port de bracelets électroniques. Le résultat, une très faible propagation du virus, alors que la densité de sa population est très forte et les écoles n’ont pas fermé à ce jour.
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A côté des scanners thermiques, Taiwan a fait recours au « contact tracking” pour le suivi des personnes ayant été en contact avec les malades ainsi que les contacts de leurs contacts pour les mettre tous en quarantaine. La combinaison des données du big data avec les fichiers de l’assurance maladie a permis de générer des alertes pour indiquer au personnel soignant quand un patient revient d’une zone à risque. De même, les autorités ont instauré un système de rationnement des masques, trois unités par adulte et par semaine. Pour ce faire, l’Etat a exigé des résidents de scanner leur carte d’assurance maladie à chaque passage en pharmacie.
La Chine, de son côté, a intensifié l’utilisation de technologies de pointe, y compris les méga-données, l’IA et la technologie 5G, dans la bataille en cours contre l’épidémie. Le rôle de ces moyens a été déterminant dans l’analyse et la prévention de l’extension de l’épidémie à l’ensemble du territoire. La technologie 5G a été largement appliquée dans le diagnostic des maladies à longue distance et la vérification de la température à distance dans les réseaux de transport.
Contrairement à de nombreux pays, la Corée du Sud a choisi de faire preuve de transparence en localisant les porteurs du Covid-19 et en rendant ces données publiques. Les noms n’apparaissent pas mais l’âge, le sexe, et les trajets quotidiens des personnes concernées sont rendus publics.
En Israël, le gouvernement a mobilisé les technologies de traçage, normalement réservées aux Palestiniens, pour localiser les personnes ayant été en contact avec les porteurs du Covid-19. Ces technologies déployées pourraient inclure un suivi téléphonique en temps réel pour alerter les autorités des violations de la quarantaine.
Dans les pays occidentaux, le recours à ces technologies bute sur la problématique de l’utilisation des données privées, notamment la géolocalisation et la reconnaissance faciale dans l’espace public. L’administration américaine est en pourparlers avec quelques-uns des géants du net comme Facebook et Google. Mais il est nécessaire d’abord de convaincre les citoyens que les renseignements collectés seraient exploitées par les seules autorités de santé publique. En attendant, la Maison-Blanche met à contribution les géants de l’Internet : Amazon, Apple, Facebook, Google, Microsoft et Twitter, pour éviter la diffusion des fakes news au sein de leurs communautés respectives.