«Le Bioxparc Marrakech nécessitera 1,4 milliard d’euros»
Marrakech abritera un grand parc industriel dédié aux biotechnologies et aux sciences de la vie. Salvatore Torrente qui dirige le groupe qui porte le projet lève le voile sur cette plateforme qui accueillera, entre autres, une centaine d’entreprises biotech. Propos recueillis par Adama sylla
Challenge : Vous vous apprêtez à lancer en septembre à Marrakech, la réalisation d’un projet de parc industriel dédié aux biotechnologies et aux sciences de la vie. Pourquoi avez-vous choisi la ville de Marrakech qui est plutôt connue sur le plan touristique ?
Salvatore Torrente : La société Cescoitalia chargée de la mise en œuvre du projet que nous avons baptisé Bioxparc, a développé au fil des années une expertise dans la réalisation de ce type de projet à même d’attirer les investisseurs. C’est ainsi, que ce projet au Maroc vient répondre aux besoins, mais aussi satisfaire la forte volonté de nombreuses entreprises biotech qui visent le continent africain à travers un parc comme celui que nous allons réaliser dans le Royaume, qui est aujourd’hui la porte de l’Afrique. Le projet de Marrakech a l’ambition de devenir la première plateforme de rencontre pour les experts et décideurs du secteur de la recherche en Afrique. Aujourd’hui, S.M. le Roi Mohammed VI a présidé ces dernières années la signature de plus de 500 accords avec beaucoup de pays africains. Ce qui nous conforte dans notre approche. Maintenant, pour le choix de Marrakech, il n’est pas fortuit. La ville en elle-même, est un facteur important dans notre stratégie marketing et communication. Le « brand Marrakech » est de notoriété mondiale. Il symbolise, entre autres, le luxe et l’hospitalité. D’ailleurs, c’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de réaliser dans le premier lot de terrain (Marrakech-Assoufid), un grand centre de conférence qui accueillera des événements prestigieux pendant toute l’année, sponsorisé par de grandes sociétés de biotech, des fondations, des investisseurs privés et publics étrangers. Non seulement, Bioxparc Marrakech servira de modèle pour nos autres projets dans les pays africains, mais il sera le hub central de notre grand réseau de parcs qui seront implantés dans le continent. Chaque pays africains aura sa délégation permanente au sein du centre d’affaires Bioxparc Marrakech, à proximité des grand décideurs internationaux du secteur biotech.
En quoi consiste votre projet et quand sera-t-il opérationnel ? Et quels sont les secteurs visés ?
Notre projet de parc industriel Bioxparc dédié aux biotechnologies et aux sciences de la vie, est une plateforme innovante, qui ambitionne d’accueillir une centaine d’entreprises et de centres de recherche, regroupant près de 3 000 travailleurs œuvrant dans un environnement unique. Il intègre différents secteurs allant de l’agriculture, l’agro-industrie, les biotechnologies et l’alimentation, au secteur de la santé et produits pharmaceutiques. Il s’agit globalement de l’agriculture et forêts, sciences des aliments, santé et produits pharmaceutiques, équipement médical, cosmétique, technologies de l’information. Le parc abritera aussi des instituts de recherche, un incubateur d’entreprises, des espaces de laboratoires et un grand Campus Universitaire qui accueillera les délégations de différentes universités d’Europe, d’Inde, des Etats-Unis, et du Brésil, qui ont déjà manifesté leur intérêt. C’est pour vous dire que tout cela favorisera les rencontres d’affaires B to B. C’est pour cette raison d’ailleurs que Cescoitalia a mis en place, au cours des dernières années, une équipe d’experts dans les activités de conseil dans le domaine des partenariats public-privé. Dans ce sens, nous allons commencer dès octobre prochain, l’organisation de rencontres d’affaires à Marrakech afin d’inciter les sociétés étrangères biotech à s’implanter dans le futur premier site Bioxparc-Assoufid dont la première tranche de bureaux, le laboratoire ainsi que le centre de congrès et services seront livrés dès le courant de 2016 sur une surface de 24 hectares. Autrement dit, le Bioxparc Marrakech sera opérationnel en 2016.
Qui va financer le parc industriel Bioxparc et pour quel investissement ?
Le grand parc industriel Bioxparc qui couvrira à terme une superficie totale de 300 hectares, nécessitera un investissement de près de 1,4 milliard d’euros. Son financement sera assuré à 100 % par le privé. Le projet attire les bailleurs de fonds grâce à son fort taux de rentabilité et son faible risque d’investissement. L’analyse financière du projet que l’équipe Cescoitalia a proposé aux différents fonds d’investissement internationaux, a permis de disposer des fonds nécessaires pour mettre en œuvre non seulement la plateforme de Marrakech, mais aussi des installations à venir dans d’autres pays africains.
Où en êtes-vous dans le processus de recrutement des entreprises qui vont s’installer dans votre parc industriel ?
A travers les différentes prospections que nous avons menées jusque-là, nous avons relevé un très grand engouement des entreprises étrangères qui, la plupart se sont engagées déjà à ouvrir au minimum un bureau de représentation pour bénéficier, serait-ce que de contacts business que pourrait leur offrir le Bioxparc Marrakech.
A cela, s’ajoute le fait que les fonds d’investissements qui nous accompagnent dans le projet sont liés à beaucoup d’entreprises biotech. Cela, pour vous dire que ces dernières ne vont pas hésiter à s’installer sur notre site. Pour l’heure, plus de 60 entreprises sont déjà prêtes pour s’implanter.
Envisagez-vous de développer d’autres projets au Maroc ?
Je tiens à rappeler que nous avons initié le concept de centre d’affaires permanent « Italiafiere » qui permet aux entreprises marocaines et étrangères de contacter sur place de nombreuses entreprises italiennes pour nouer des relations d’affaires et qui est déjà opérationnel depuis mai 2013 sur tout le territoire marocain, y compris dans la Zone Franche de Tanger. Dans ce sens, nous avons prévu d’ouvrir dès septembre prochain à Dakhla un centre d’affaires Italiafiere, surtout orienté vers le secteur énergétique. Dans ce domaine, Cescoitalia est sur le point de lancer des projets pour la construction de mini-centrales hydroélectriques dans le cadre d’un partenariat public-privé avec le gouvernement marocain et pour l’installation d’une usine italienne pour la production de lampadaires pour l’éclairage public, mettant à contribution les nouvelles technologies.