Le cancer des élus par ( Jamal Berraoui )
« Nous avons des projets pour la ville, des financements, mais il n’y a pas d’interlocuteur, les élus bloquent tout ». C’est ce que m’a affirmé un grand dirigeant d’une entreprise publique, concernant ma ville natale Safi.
Je l’ai écrit plusieurs fois, cette ville est un contre exemple, un cas type. Considérée comme rebelle, l’Intérieur s’est arrangé par la falsification puis le décapage pour éliminer le Tihad. La ruralisation a joué un rôle essentiel, Driss Basri en a profité pour éliminer les familles de notables qui n’étaient pas riches et les remplacer par des arrivistes.
Safi, ville andalouse, symbole d’une tolérance extrême, puisque Juifs, espagnols, portugais y vivaient, prospéraient sans problème, n’a plus aucun élu issu de la ville, de la cité je veux dire. Sebt Gzoula, Safi la ville, et le conseil régional sont dirigés par deux frères et une sœur. Les Soprano dominent ma ville. Malgré plusieurs rapports de la cour des comptes, ils sont solidement assis.
Il se trouve que cette ville regorge de talents, que son histoire est toujours prégnante, que malgré l’inculture, l’incurie de ses élus, elle développe des initiatives. A titre personnel, je déclare la guerre aux mafieux qui dirigent Safi et je me rends disponible pour ce combat.
Mais il nous faut une vraie réflexion. Seuls les bandits se font élire. Ils ont réussi à pervertir le scrutin de liste, censé politiser les élections.
Le drame c’est le taux de participation. Il suffit d’acheter un douar 5000 voix pour être parlementaire.
Le ministère de l’Intérieur assume une grande responsabilité, il ne joue pas totalement son rôle. Il n’est pas normal qu’un ancien infirmier, un voleur de sable, une famille de latifundiaires sans scrupules dominent Safi, la ville des Ouazzani, des Benhima, des Guerraouis, des Lahkims etc… Familles de savoir-vivre et de savoir tout court.
Bendhaiba l’ancien wali, m’a dit un jour « je me bats, j’outrepasse mes pouvoirs pour faire avancer les choses. Mais les élus n’ont réellement rien à cirer du devenir de la ville. Ils ne vous aiment pas, vous les Safiot ».
C’est un vrai drame. Safi est dirigée par des ruraux qui volent, se sucrent, mais n’ont aucun attachement pour la cité. Ils sont dans la logique de la vengeance face aux citadins qui les traitaient de « Aroubya » qui raillaient leur manque de savoir-vivre. Quatre cent mille Marocains sont otages d’une clique de voleurs. C’est un scandale.