Le concept gagne du terrain
Entrepreneuriat social. Il y a un fort potentiel à développer, mais le cadre législatif n’existe pas encore. Un grand travail reste à faire pour sensibiliser les jeunes porteurs de projets à ce nouveau modèle d’entrepreneuriat. par Roland Amoussou
L e concept de l’entrepreneuriat social et solidaire prend forme au Maroc. L’idée gagne du terrain et ses défenseurs se mobilisent fortement pour faire entrer ce nouveau modèle d’entrepreneuriat dans la mentalité du Marocain. Ils multiplient les conférences, débats et rencontres sur le concept afin de sensibiliser les jeunes marocains porteurs de projets aux avantages de l’entrepreneuriat social et solidaire. C’est dans cette perspective que Olea Institue, en partenariat avec d’autres institutions œuvrant pour le développement de l’entrepreneuriat social et solidaire ont organisé mercredi 29 octobre à Casablanca le Social Talk 2014 autour du thème: « L’entrepreneuriat social-Une nouvelle voie pour le développement ?». Il a été notamment question pour les intervenants lors de cette rencontre de montrer les bien-fondés de cette nouvelle façon d’entreprendre qui place le bien-être de la communauté au centre de ses préoccupations. Mais quel est son enjeu? «Les inégalités sociales qui persistent dans notre société aujourd’hui, prouvent que l’ancien modèle d’entrepreneuriat qui vise la rentabilité économique à tout prix a montré ses limites. Il s’agit donc de créer un environnement où l’action sociale, à travers certains nouveaux outils, peut prendre des formes qui sont plus innovantes et efficaces», rétorque Younes El Jaouhari, président de Olea Institute.
Un modèle marocain qui colle aux réalités locales
Selon les défenseurs de ce nouveau concept, il est grand temps de poser les jalons de l’entreprise solidaire au Maroc, car il y a un fort potentiel à développer et cela impactera très positivement le quotidien du Marocain. Mais sur le terrain, les entreprises solidaires sont rares dans le Royaume. Même si l’idée gagne du terrain et séduit, les contours de ce modèle restent encore flous. Aucun texte législatif ne fait allusion à l’entreprise solidaire au Maroc. Pas de cadre juridique, pas de réglementation et donc pas de visibilité pour les partisans de cette nouvelle façon d’entreprendre. Force est de rappeler ici, qu’il y a une différence à faire entre les coopératives et autres associations à but non lucratif (Le Maroc en compte plus de 50.000) qui oeuvrent déjà dans le social. Il ne faut pas non plus confondre les actions de l’entreprise sociale et solidaire avec celles des grandes entreprises qui font de la RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise). D’après la définition que lui donnent ses défenseurs au Maroc, l’entreprise solidaire est une structure qui utilise les mêmes outils et stratégies visant la rentabilité que l’entreprise privée, à la seule différence qu’elle consacre la majeure partie de sa rentabilité à des objectifs sociaux. Dans ce sens, l’exemple notoire reste le Groupe SOS en France. Une grande entreprise qui compte 283 établissements, notamment des centres d’hébergement pour toxicomanes, pour SDF ou jeunes en difficulté, des associations d’aide aux malades du sida, des crèches et des maisons de retraite. Le Groupe SOS emploie 11000 personnes avec un chiffre d’affaires de 560 millions d’euros(2011). Une réussite du modèle d’entreprise sociale dont les Marocains veulent s’inspirer. «C’est un concept nouveau au Maroc, mais ce genre d’entreprises fonctionne bien aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs. Nous avons donc, pour cette année 2014, lancé un débat national sur le sujet, notamment avec les institutions pour avoir leur avis et savoir dans quelle mesure ce genre d’entreprises peut exister au Maroc», explique Younes El Jaouhari. «Nous allons nous inspirer des modèles à l’international pour créer le modèle marocain de l’entrepreneuriat solidaire, qui peut contribuer à améliorer le quotidien des hommes et des femmes de ce pays de façon directe», conclut-il.