Le conflit entre l’Espagne et le Maroc met en danger le retour de plus de 12 000 travailleurs saisonniers
La crise diplomatique déclenchée entre Madrid et Rabat ne se limite plus seulement aux questions purement diplomatiques et politiques. En effet, cette crise affecte également d’autres questions beaucoup moins visibles mais tout aussi essentielles pour les relations entre les deux pays.
D’après le journal El Pais, l’une de ces questions est le retour de plus de 12 600 travailleurs saisonniers marocains qui ont participé à la campagne des baies dans la province de Huelva. Selon le plan de retour progressif présenté par les principales coopératives de Huelva aux autorités marocaines, le retour des travailleurs aurait dû commencer lundi dernier. Cependant étant donné que le Maroc a gardé ses frontières fermées depuis Mars 2020, les travailleurs saisonniers ne peuvent pas retourner dans leur pays sans l’autorisation de leur gouvernement. Il s’agit d’un fait qui inquiète Interfresa, Freshuelva et UPA, les trois organisations agricoles qui coordonnent l’embauche de travailleurs temporaires.
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Les hommes d’affaires de Strawberry avaient prévu d’affréter deux bateaux par semaine pendant les deux premières semaines de juin et un troisième bateau à partir de la troisième semaine du mois. Près de 800 femmes voyageraient sur chaque ferry et le retour s’achèverait à la mi-juillet. Le système est similaire à celui utilisé entre Décembre et Mars pour amener les près de 13 000 travailleurs du Maroc en Espagne. Les porte-parole d’Interfresa et de Freshuelva – responsables des contrats de plus de 90% de ce contingent – sont convaincus que l’impasse sera résolue. Ils ont également déclaré que l’expérience de l’année dernière les avait préparés à accueillir ces femmes si elles devaient rester plus longtemps dans le pays.
Cependant, Manuel Piedra, secrétaire à la mobilité et à la migration du syndicat agricole UPA Andalucia, est plus pessimiste et sans détour. « Il n’y a pas 7 000 femmes cette année, il y en a 12 600 », a-t-il déclaré. Piedra espère que le gouvernement marocain assouplira les restrictions et ouvrira ses frontières le 10 juin, ce qui permettrait de reprendre les conditions normales de voyage dans le détroit et de laisser ces travailleurs saisonniers retourner au Maroc.
Des sources du Secrétariat d’État aux migrations affirment qu’aucune femme ne sera laissée en situation irrégulière. Pour rappel, les premiers permis expirent à la fin de l’été. L’année dernière, le refus du Maroc d’ouvrir ses frontières à ses travailleurs a failli provoquer une crise humanitaire, puisque les 7 000 femmes arrivées en Espagne avant que l’urgence sanitaire n’éclate ont dû rester à Huelva, sans travail et dépensant en conséquent une bonne partie des revenus qu’elles avaient obtenus pendant la saison.