Les chroniques de Jamal BerraouiSanté

Le coronavirus bouscule les certitudes

Mondialisation, régionalisation, privatisations, le coronavirus met en doute tous les dogmes libéraux, au risque de profiter au populisme.  

En Chine, un pouvoir autoritaire, capable de construire un hôpital en huit jours peine pour freiner la propagation du virus. En Italie, c’est la bérézina du système sanitaire. Ils se sont rendu compte que l’affaiblissement de la santé publique ne leur accorde aucune capacité de résilience face à un drame sanitaire d’importance. Aux USA, sur 900 cas avérés il y a 68 morts, c’est le taux de létalité le plus élevé du monde. Il s’agit essentiellement de noirs miséreux, 15 morts ont été enregistrés dans une maison de retraite dans les faubourgs de Washington. A l’inverse, en Corée du Sud, le nombre de morts par rapport aux contaminés est relativement le plus faible, alors même qu’il n’y a pas de confinement territorial. Il est clair que les systèmes de santé dévoilent leurs fragilités face à la pandémie.

Changement de cap

En Italie, les croyants prient pour que cela n’atteigne pas le Sud, économie très faible. La raison c’est la régionalisation. Chaque territoire a le système de santé que lui permettent les impôts récoltés. Si on voit le carnage au Nord on peut imaginer les dégâts humains si le virus se propage au Sud. Des voix se lèvent pour remettre en cause la régionalisation de la santé publique, au nom du principe de l’égalité des citoyens et du devoir constitutionnel de protection. Ce n’est pas une mince affaire. Aux USA, où solidarité est un gros mot, les débats s’enflamment sur la protection sociale des plus démunis.

La relocalisation signifie des médicaments plus chers et donc des charges plus lourdes pour les systèmes de protection sociale

En Europe, un Conseil des chefs d’Etat a été tenu par visio-conférence. Ils veulent étudier la relocalisation de l’industrie pharmaceutique. 80% des principes actifs sont produits en Chine. Cela signifie que si l’épidémie dure, il y aura une pénurie de médicaments et une mortalité, sans lien avec le coronavirus. Mais la relocalisation signifie des médicaments plus chers et donc des charges plus lourdes pour les systèmes de protection sociale. La fermeture des frontières est utilisée par plusieurs pays pour tenter d’enrayer la diffusion du virus.

Fermeture des frontières, relocalisation, contestation de la mondialisation et de ses effets, ce sont les thèmes favoris des populistes et de l’extrême droite or, ils s’imposent à tous aujourd’hui.

La panique étant mauvaise conseillère, ces débats manquent de sérénité, mais traversent les sociétés occidentales. Le coronavirus a fait une victime de taille, il s’agit de la doxa libérale qui déifie les marchés et leur capacité à tout autoréguler. Tous ces dogmes sont remis en question.

 
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