Le crépuscule des partis politiques
Bagarres au Parlement et dans les réunions, communication dérisoire autour des sujets d’actualité, la classe politique est au fond du trou et… elle continue à creuser.
L’auteur de ces lignes a toujours refusé de participer au lynchage des partis politiques. Mais la mission devient impossible parce que la classe politique est en dessous de tout. La dernière séquence, celle des violences dans l’enceinte du Parlement et lors de la réunion de la direction de l’un des partis les plus importants fait le buzz. Ce n’est pas pour aider à une image de respectabilité.
Le drame, c’est qu’il est impossible de construire une véritable démocratie sans démocrates organisés. La démocratie représentative n’a pas trouvé mieux que les partis politiques pour organiser la compétition, l’alternance, le débat public. Les partis politiques, chacun selon un référentiel établi, encadre la population autour de ses propositions sur les sujets qui intéressent la société, formulant un projet et espérant réunir une majorité autour, aux échéances électorales. C’est le rôle que la constitution assigne aux partis et c’est ce qui justifie le financement public de ces organisations pour qu’elles puissent concourir à la démocratie sans dépendre des forces de l’argent. Qu’en est-il chez nous ? C’est le vide absolu.
« Il est impossible de construire une véritable démocratie sans démocrates organisés »
Les enseignants contractuels sont en grève depuis six semaines. Indépendamment de la gestion gouvernementale de cette crise catastrophique par bien des aspects, où sont les partis ? Aucun parti représenté au Parlement n’a de présence à l’intérieur de ce mouvement alors qu’il s’agit tout de même de 70 000 personnes. Aucune initiative pour trouver une issue à ce conflit et sauver l’année scolaire de centaines de milliers d’élèves n’est à noter. Nous n’avons même pas droit à des positions clairement exposées sur la création en marche d’une fonction publique territoriale.
Les partis politiques doivent encadrer la population. Ils sont tenus de par la loi à s’exprimer sur les sujets d’actualité, à défendre leurs positions par la communication mais aussi par les réunions publiques, les meetings. C’est le vide sidéral. Le résultat c’est que les Marocains n’accordent plus aucune crédibilité à la classe politique dans sa grande majorité. Du coup, ce sont les institutions représentatives, le Parlement, les élus, les municipalités qui n’ont aucune adhésion populaire. Le nombre de citoyens non inscrits sur les listes électorales ; l’abstention et les bulletins blancs, comptabilisés ensemble montrent que 80% des citoyens majeurs ne croient pas dans la construction démocratique.
Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas attachés à l’idée démocratique et c’est là le paradoxe. Jamais la liberté d’expression n’a été aussi sacralisée dans notre pays, la moindre atteinte crée une mobilisation très forte. Les débats sur le net partent dans tous les sens mais donnent une véritable image des préoccupations de la société. Des idées très originales et potentiellement pouvant solutionner des problématiques circulent. Mais les partis n’en ont cure , ils attendent les élections pour rénover le contact et espérer des sièges.
S’il n’y a pas un réveil sérieux, c’est la stabilité du pays qui sera mise en danger. Il n’est pas possible d’imaginer la solution de la question sociale avec un gouvernement inaudible et un Parlement sans crédibilité. Sinon il faut appliquer la constitution, dissoudre et créer un état de choc qui pourra être salutaire. Continuer ainsi c’est aller dans le mur en klaxonnant. Le vrai patriotisme c’est de le dire publiquement.