Le développement local : les enjeux et les perspectives de réforme
Depuis l’indépendance, le Royaume s’est engagé dans un long processus de modernisation de l’organisation administrative territoriale et son adaptation au contexte politique, économique et social actuel tout en instaurant graduellement une décentralisation qui permettra un rapprochement entre l’administration et les administrés, et une implication des citoyens dans le processus de prise de décision et la gestion des affaires locales. Ce qui fera du Maroc, l’un des pays les plus émergents dans la région MENA.
En l’absence d’une présence effective des organes chargés de contrôler et d’évaluer l’état d’avancement des projets locaux ainsi que la qualité des services rendus aux citoyens. Les dernières intempéries du mardi 4 novembre nous ont permis de faire d’une pierre trois coups :
1- Mettre en examen les projets de développement lancés par nos élus locaux.
2- Evaluer la qualité des services rendus par les sociétés chargées de la gestion déléguée de certains services publics.
3- faire un état des lieux des infrastructures communales.
Constat ! Une dizaine de millimètres étaient suffisantes pour que les eaux de pluie submergent de nombreuses rues et artères des grandes villes du Royaume. Et de nouveau, les interrogations sur l’état déplorable de nos infrastructures et l’efficacité du modèle actuel de la gestion déléguée des services publics remontent à la surface. Est-ce n’est que la partie visible de l’iceberg ?
L’examen du récent rapport de la Cour des comptes[1] relève l’existence des dysfonctionnements flagrants au niveau du fonctionnement interne de cette entité qui est chargée comme prévu du développement économique et social local (manque de transparence, immobilité des organes de contrôle, mauvaise répartition des ressources, manque de formation et insuffisance du personnel qualifié, absence d’adéquation profil – poste, lourdeur des dépenses de fonctionnement, faible effort d’équipement…). En effet, les progrès réalisés ne doivent pas masquer les nombreuses lacunes qui ralentissent le processus de développement local et affectent la capacité de la commune à planifier, et gérer les affaires de son ressort territorial. Résultat : malgré les efforts déployés, un développement local en berne !
2015, l’année où il faut réfléchir mille fois avant de soumettre une candidature aux prochaines élections communales.
Heureusement, ces enjeux sont encore gérables, et avec l’approche des élections communales et la préparation des nouvelles lois organiques concernant les collectivités territoriales instaurant un nouveau mode de gestion des affaires locales basé sur les dispositions de la nouvelle Constitution, tel que la transparence. Le temps est venu de poser des questions simples sur l’avenir de nos villes, et concevoir une réforme qui permettra en premier lieu de rompre avec les dérives et les dysfonctionnements qui nous tirent vers le bas.
En Europe, le processus de développement et de modernisation de l’administration des Etats membres de l’Union Européenne avait pris plus de 30 ans (1980-2006)[2]. En effet, malgré les disparités en matière de dysfonctionnements et des solutions envisagées par ces pays, le processus suivi était presque semblable :
- Faire un état des lieux de la situation actuelle à travers un ensemble d’enquêtes et d’études, afin de déterminer les problèmes structuraux qui freinent le changement.
- Déterminer les objectifs et les axes de la réforme.
- Appliquer la réforme.
- Evaluer, dans le but d’entretenir des améliorations.
Certes, la tâche ne sera pas du tout facile, le programme de réforme devra se définir par trois piliers : une volonté de la part de l’ensemble des intervenants à mettre en place les réformes nécessaires, et contrer ceux ou celles qui profitent de la situation actuelle et qui feront tout leur possible pour enrayer le projet de développement, la responsabilisation de l’ensemble des acteurs publics, la création et l’instauration d’un ensemble d’outils de contrôle et d’évaluation, pour nous permettre de minimiser ou plutôt rationaliser les dépenses publiques, responsabiliser les agents du service public, moraliser le travail politique, moderniser le fonctionnement des administrations, améliorer les résultats de leurs services et instaurer un système de gestion basé sur les notions d’efficacité, d’efficience et de la rationalité dans l’utilisation des ressources financières.