Le groupe ESPI lance le débat sur la construction durable
Marrakech accueille la deuxième édition du Colloque Immobilier ESPI (École Supérieure des Professions Immobilières) au Maroc. Étalée sur deux jours (les 20 et 21 avril 2017), cette rencontre organisée par le Groupe ESPI, sous l’égide du ministère de l’Habitat et de la Politique de la Ville, a réuni pour cette première journée un parterre de grands chefs d’entreprises du secteur de l’immobilier. De la promotion à l’expertise immobilière en passant par les fonds de gestion d’actifs immobiliers, tous les profils du secteur ont répondu présent à ce grand rendez-vous qui est placé cette année sous le thème : « Immobilier, Construction et Aménagement durable».
Un thème qui tombe d’ailleurs à point nommé juste quelques mois après l’organisation de la COP22 par le Maroc à Marrakech. Ainsi, la première journée du Colloque a notamment connu la tenue de plusieurs panels traitant des dernières actualités touchant le secteur immobilier marocain, dont les nouveaux textes de loi induisant de nouvelles réglementations en matière de construction durable au Maroc, les OPCI (Organisme de Placement Collectif en Immobilier) etc.
« La question de durabilité dans le secteur immobilier est relativement récente au Maroc », a fait remarquer Mohamed Iqbal El Kettani, directeur délégué de la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI) dans son intervention. « Dès 2009, notre fédération a initié la réflexion dans ce sens en mettant en place une association marocaine pour la construction durable. Nous avons également créé une commission « Normalisation » liée au développement durable », a-t-il poursuivi.
Il faut dire que le développement durable est devenu aujourd’hui un enjeu capital pour le secteur immobilier. Et les professionnels du secteur, tous profils confondus, ont compris cela et se sont fixés comme objectif d’accompagner le Royaume dans cette vision. « Aujourd’hui, on ne peut plus construire à outrance sans remettre au centre un certain nombre de valeurs éthiques. C’est une approche qui n’est plus acceptée. Tout cela nous amène à avoir une nouvelle façon de penser l’habitat, le logement, les bureaux », a souligné pour sa part Béatrice Dossou-Yovo, Asset Manager et fondatrice de la société Amber Stone Invest & Gallery. « Les investisseurs se rendent compte qu’investir dans un immeuble qui est un bâtiment de basse consommation d’énergie va leur permettre, à terme, de faire plus de rendement. Les actifs immobiliers qui respectent les normes environnementales et climatiques sont mieux valorisés dans le portefeuille des banques et autres fonds d’investissement », a-t-elle insisté.
En ce qui concerne les OPCI, les différentes interventions des divers acteurs présents ont montré qu’il y a un fort engouement pour ce nouveau marché. Et, d’ailleurs, ils sont impatients et appellent les autorités à mettre les bouchées doubles en ce qui concerne les circulaires et autres mesures qui doivent accompagner et rendre totalement applicable la loi 70-14.
Deux questions à Laurent Degliame, administrateur de biens, président de Degliame Immobilier Conseil & Gestion (DICG)
Quel bilan faites-vous de cette première journée du colloque ?
Le bilan de cette première journée est plutôt satisfaisant et très positif avec des sujets très intéressants qui constituent d’ailleurs des sujets d’avenir au Maroc. Je trouve que le Maroc évolue très vite et s’adapte vite. En plus, nous avons eu la chance d’avoir eu la COP22 ici à Marrakech l’année dernière, et cela a énormément boosté les choses. Nous avons la réglementation technique qui a changé l’année dernière et cela oblige désormais les promoteurs à faire de la qualité. Tous ces sujets que nous avons abordés autour du développement durable ont aidé à avoir une vision de tout ce qui serait possible d’être fait au Maroc.
Quel rôle pour le groupe ESPI, en termes de formations, dans cet élan de développement durable ?
L’ESPI a été créée en 1972 par des professionnels pour répondre à un manque, puisque la profession se développait à l’époque, notamment la profession d’administrateur de biens, alors qu’il n’y avait aucune école qui pouvait former pour ces métiers. Les professionnels se sont donc mis d’accord pour créer cette école et former des collaborateurs qu’ils allaient embaucher par la suite. Aujourd’hui, nous avons réussi à développer plusieurs offres de formations autour de l’expertise immobilière, de la maîtrise d’ouvrage publique et privée, de l’ingénierie financière immobilière ou encore de la transaction immobilière. Ici au Maroc, je pense que l’ESPI va poursuivre son développement puisqu’elle est présente dans le Royaume depuis 9 ans. Mais, nous devons opérer une adaptation à toutes les nouvelles réglementations du secteur, concernant la copropriété, la vente en état futur d’achèvement (VEFA), le bail commercial. Ce sont de nouvelles lois qui ont vu le jour ces derniers mois. Cette mise à niveau va nous permettre d’offrir des formations continues aux cadres des entreprises du secteur et de former les jeunes qui doivent arriver sur ce marché avec des bagages intellectuels importants concernant toutes ces nouvelles lois.