Le Maghreb, pôle de relance pour l’industrie automobile européenne ?
Parmi les principales victimes économiques du Covid-19, figure le marché automobile européen qui a encaissé à l’échelon mondial une chute vertigineuse de ses volumes de ventes. Et les prévisions ne sont guère encourageantes. Mais de l’avis de quelques analystes du secteur automobile, il y a fort à espérer que dans le cadre d’une production à moindre coût, plusieurs constructeurs européens n’excluraient pas d’accroître leur production industrielle dans la zone Maghreb.
L’Afrique du Nord pourrait-elle bénéficier des efforts de restructuration des constructeurs automobiles mondiaux, désireux de réduire leur dépendance à l’égard de la fabrication chinoise et de raccourcir leurs chaînes d’approvisionnement ? De l’avis de certains analystes du secteur automobile, cette réflexion stratégique aurait du sens. Selon une étude récente effectuée par l’agence de notation Fitch Ratings, le Maroc est l’un des pays les mieux placés pour tirer avantage de la relance du secteur de l’automobile, une fois que se dissipera la pandémie. Il serait d’ailleurs en tête du classe-ment de l’indice Risque/Rentabilité développé par cette agence de notation financière internationale, suivi de l’Egypte. Toujours est-il que des géants mondiaux comme Renault, PSA, Volkswagen ou Daimler, entre autres, ont déjà fait de l’Afrique en général, et du Maghreb en particulier, un pôle de croissance de leurs activités industrielles. L’objectif étant d’ex-porter à bas prix et de disposer d’une demande locale qui, tôt ou tard, sera amenée à reprendre du poil de la bête.
Renault, qui fabrique environ 400 000 voitures par an dans ses deux plate-formes de Tanger et de Casablanca, en plus de son unité industrielle en Algérie, est depuis longtemps le leader de la production en Afrique du Nord. Outre sa petite unité d’assemblage de pick-up en Tunisie, et en attendant le démarrage d’une activité de montage automobile en Algérie, c’est au Maroc, à Kénitra, que PSA se développe le plus rapidement. À fin 2022, Renault et PSA pourraient avoir une capacité de production totale d’environ 700 000 véhicules au Maroc. De quoi permettre au Royaume de devancer, en termes de volume de production, certains pays européens.
Volkswagen affine sa stratégie
Bien qu’à l’arrêt depuis plusieurs mois suite aux changements réglementaires intervenus en Algérie courant 2019, le Groupe Volkswagen a réitéré récemment son intérêt et son engagement et pour une industrie automobile dans le pays. Avec un marché européen qui tend de plus en plus vers les crossovers et autres SUV, le constructeur automobile allemand envisagerait de libérer de la place au sein de ses usines européennes afin de se focaliser beaucoup plus sur le segment très en vogue des SUV. Ce qui aurait comme conséquences la délocalisation de la fabrication de certains modèles dont les citadines Volkswagen Polo, Skoda Fabia et Seat Ibiza vers l’Afrique du Nord.
Volkswagen qui répondrait ainsi à un besoin important dans le segment des petites voitures, aussi bien dans la région Maghreb qu’en Afrique Subsaharienne. Pour autant, le Maroc et, à un degré moindre la Tunisie, font toujours partie de la short-list des pays ciblés pour une usine du géant automobile allemand. Aussi, l’intérêt croissant pour la zone Maghreb ne se dément pas ; en effet, Daimler a signé l’année dernière un protocole d’accord pour redémarrer la production de véhicules Mercedes-Benz en Égypte après un arrêt de quatre ans.■