Le Maroc à la conquête du marché chinois
Les autorités en charge du développement du secteur touristique national se mobilisent en collaboration avec le secteur privé pour positionner le Maroc sur le marché chinois. L’objectif à l’horizon 2020 est de réussir à attirer 100.000 touristes chinois. par Roland Amoussou
Toutes les destinations à vocation touristique ont les yeux rivés sur le marché émetteur chinois. En effet, selon les autorités chinoises, le nombre de touristes chinois dans le monde pourrait bondir à 500 millions dans une quinzaine d’années. Une opportunité pour le Maroc, qui entend déployer de gros moyens pour se faire une place sur ce marché. Actuellement, le Royaume reçoit quelque 10000 touristes chinois par an, et voudrait porter ce nombre à 100000 dans les trois prochaines années. Pour ce faire, le Maroc met en place une stratégie. Le département de Lahcen Haddad mobilise d’ores et déjà les professionnels, à travers diverses rencontres. La dernière, organisée à Casablanca lundi, en collaboration avec l’ONMT (Office national marocain du Tourisme), la CNT (Confédération nationale du Tourisme) et l’Observatoire du Tourisme visait à expliquer les enjeux du marché touristique chinois aux différents intervenants public et privé du secteur. Une journée de travail qui a permis d’étudier les spécificités de ce marché et de discuter des mesures à envisager pour séduire les touristes chinois. Il en ressort que tous les acteurs du secteur se sont mis d’accord pour se mettre au diapason des attentes de cette clientèle. Ainsi, un plan d’action à court et à moyen terme a été décidé. Dans le détail, il s’agit notamment d’ouvrir le plus tôt possible des lignes aériennes directes entre la Chine et le Maroc, de former les guides, d’organiser des éductours au profit des journalistes et tours opérateurs chinois. Il est aussi question d’adapter l’offre touristique, hôtelière et gastronomique pour répondre aux attentes de la clientèle de l’Empire du milieu. «Concernant la formation, ce sont les deux centres Confucius au niveau de Rabat et de Casablanca qui vont former les guides. Il est très important que les guides soient formés», a expliqué le ministre du Tourisme. La deuxième mesure qui a été prise concerne le volet aérien. Ainsi, Lahcen Haddad a laissé entendre qu’un travail est en train d’être fait dans ce sens, notamment en collaboration avec les compagnies aériennes du Golfe pour arrêter un plan d’action. On note ensuite les mesures concernant l’industrie hôtelière.
Refonte du produit
« A ce niveau, les professionnels s’engagent à mettre en place toutes les mesures nécessaires. Les restaurateurs vont également travailler avec les centres Confucius pour élaborer des menus en chinois. C’est important », a noté le ministre. Il est aussi question de mettre en place un forum d’investissement maroco-chinois en matière de tourisme. Rappelons que le Maroc a décidé de supprimer, à partir de ce 1er juin, les visas pour l’ensemble des ressortissants chinois. Une mesure importante qui vise à stimuler le flux touristique des Chinois au Maroc. «L’enjeu, à la suite de cette décision de Sa Majesté lors de la dernière visite en Chine, est de voir comment pouvons-nous nous développer sur ce marché. Il faut savoir que le visa représentait un des défis liés à ce marché», a rappelé Abderrafie Zouiten, le patron de l’ONMT. Il a abondé dans le même sens que le ministre en soulignant que la problématique aujourd’hui concerne le produit. «Il faudrait des guides qui parlent chinois. Il faut tout un dispositif d’accueil très précis. La cuisine marocaine est très appréciée», a soutenu le DG de l’Office national marocain du Tourisme. Soulignons que l’office entend concentrer tous ses efforts de promotion de la destination Maroc sur trois régions chinoises majeures: Pékin, Shanghai et Wandong. De leur côté, les professionnels jugent également que la refonte des produits est essentielle. « Nous devons nous mettre au diapason de la demande de la clientèle chinoise », a estimé Abdellatif Kabbaj, Président de la Confédération nationale du Tourisme. Pour le moment, le financement de toutes les actions annoncées n’a pas encore été bouclé selon Lahcen Haddad, qui a néanmoins assuré que l’Etat est prêt à mettre tous les moyens nécessaires. n