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Le Maroc attend la reconnaissance internationale de ses efforts

La bataille contre le blanchiment de l’argent sale est en train de connaître des issues prometteuses.

Notre pays a reçu cette semaine une délégation du Groupe d’Action Financière (GAFI). La délégation a tenu une série de réunions avec les ministères de l’Intérieur, de la Justice, des Finances et des responsables du secteur bancaire. La délégation a, en outre, été reçue par le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane le 16 septembre. Elle compte parmi ses membres des représentants du Royaume- Uni, d’Arabie Saoudite, des Etats –unis, de la France et d’Afrique du Sud. Richard Chalmers qui a conduit cette délégation est le président du GAFI pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord (GAFIMOAN). Cette visite du terrain devait permettre à cette organisation de s’assurer des initiatives prises par le Maroc dans le domaine du renseignement financier, de la lutte contre les crimes financiers à travers des moyens institutionnels, juridiques et politiques. Elle permettra,  par ailleurs, d’évaluer les actions prises par notre pays pour améliorer son classement. Le classement des pays se fait à travers trois paliers, à savoir : le palier noir, le palier gris sombre et le palier gris. Le Maroc a pu améliorer sa situation en passant de gris sombre au gris à la suite d’une décision prise par la GAFI lors de sa réunion tenue du 19 au 21 juin dernier à Oslo en Norvège.                                 

Les attentes du Maroc

Abdelilah Benkirane, Chef du gouvernement et Richard Chalmers, président du GAFI pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.

Le Maroc attend avec optimisme sa sortie de ces listes aux couleurs lugubres. Le grand atout dans cette attente est l’adoption  en mai 2013 de la loi n°145-12 complétant et modifiant le code pénal et la loi  relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Cette action constitue la dernière mesure du plan d’action devant assurer la conformité totale du dispositif national aux normes internationales, et notamment les dispositions de la convention des nations unies contre le financement du terrorisme ainsi que les différentes recommandations du GAFI. 

Le GAFI a été créé en 1989 à l’occasion de la tenue du G 7 à Paris dans le but d’examiner et d’élaborer des mesures de lutte contre le blanchiment de l’argent d’origine douteuse. L’intensification des actions terroristes, et notamment celles liées aux attentats du 11 septembre 2001 a donné lieu à une extension du mandat de cette institution pour intégrer la lutte contre le financement du terrorisme dans son programme de lutte anti-blanchiment. La complexité des circuits de financement et leur opacité mariée à l’expertise informatique a rendu indispensable le renforcement de la coopération internationale dans cette lutte. Le GAFI est actuellement une institution très structurée dotée de moyens humains et organisationnels qui lui permettent de travailler dans un grand nombre de pays. 

Le GAFI se compose de 36 membres dont deux organisations régionales (Conseil de coopération du golf  et Union européenne). Les pays membres sont essentiellement constitués des pays membres du G 20 en plus de certains pays européens et asiatiques. Le GAFI comprend aussi des membres associés  et des observateurs. Les membres associés sont regroupés au sein de groupes géographiques dont fait partie le Maroc, à savoir le GAFIMOAN (Moyen Orient, Afrique du nord). Les observateurs sont essentiellement des organisations financières dont notamment le FMI, la Banque mondiale, la  BERD, la BAD et la BID et de certains organismes du renseignement financier comme le groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale, le Groupe des superviseurs des centres financiers internationaux, le Comité interaméricain contre le terrorisme, l’Interpol, le comité de Bâle sur le contrôle bancaire, le Comité du contre –terrorisme du conseil de sécurité   ou le Comité des sanctions contre Al-Qaïda et les Talibans. Depuis 1989, Le GAFI a exercé ses fonctions en vertu d’une décision des ministres des pays membres. Cette décision donne mandat au GAFI pour une période déterminée. En avril 2012, les ministres ont décidé d’un mandat d’une durée de huit ans qui s’achève en 2020. 

L’unité marocaine du renseignement financier et les perspectives du Maroc

Les pays qui sont suivis par le GAFI ont constitué des Unités de Traitement du Renseignement Financier’ URTF) Au Maroc, l’UTRF «est une cellule dont la mission principale est de contribuer à protéger l’intégrité de l’économie marocaine à travers la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent » Cette unité a été créée par décret n°2-08-572 en date du 24 décembre 2008 et a été officiellement admise en juillet 2011 au forum des cellules du renseignement financier. Le Maroc qui fait face aux dangers terroristes a tout à gagner à s’engager pour respecter les recommandations internationales en matière de lutte contre le blanchiment. Il peut par ailleurs tirer les plus grands bénéfices dans sa lutte contre la fraude fiscale, la fuite des devises et les pratiques de corruption. Tous les acteurs doivent jouer le rôle qui leur est imparti pour réduire les risques liés au blanchiment de l’argent sale. Les efforts du pays sont en phase de reconnaissance. La prochaine réunion du GAFI au mois d’octobre à Paris est capitale pour notre pays. Espérons que les luttes pour la moralisation de notre vie économique et politique puissent nous rehausser au rang des pays non listés et que  la couleur passe du gris à une blancheur éclatante.  

 
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