« Le martyr d’un peuple » par ( Jamal Berraoui )
Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français déclare avoir les preuves que le régime syrien utilise toujours les armes chimiques contre l’opposition. Il fait cette déclaration à Washington, mais l’administration Obama n’en a cure. Elle ne veut pas d’une pression pour une intervention, parce qu’elle n’en a pas les moyens, qu’elle ne veut pas d’une tension supplémentaire avec Moscou et qu’elle n’a aucune sympathie pour les jihadistes qui ont pris le contrôle de l’opposition armée en Syrie.
De retour à Homs, les civils ont raconté ce que les pseudo-révolutionnaires leur ont fait subir. C’est tout simplement abject. Cela ne revalorise pas le régime criminel d’Assad et sa clique.
Le caractère confessionnel du conflit s’impose à tous. Le régime a joué sur ces cordes dès le début. Les groupes armés, sunnites, se sont comportés en criminels de guerre face aux minorités. C’est un fait avéré qui a poussé des intellectuels démocrates à se ranger derrière Bachar parce que l’opposition veut asservir les leurs. C’est Albert Camus, qui a été exilé d’Algérie par les autorités françaises parce qu’il dénonçait les dérives des colons, qui a écrit « entre la justice et ma mère, je choisis ma mère », parce que le FLN s’attaquait aux civils.
Les pays du Golfe, l’Occident maintiennent l’opposition, mais ne lui donnent pas les moyens de vaincre. La Russie, l’Iran et ses laquais du Hizbollah et autres mercenaires ne sont pas prêts à lâcher Assad. Cela risque de durer des années.
Cent cinquante mille morts et un pays totalement détruit. Il faudra des décennies à la Syrie, quel que soit le vainqueur, pour retrouver la situation socio-économique qui était la sienne avant le chaos.
Des enfants totalement traumatisés, déscolarisés, habités par la haine, auront la charge un jour de reconstruire ce pays. Ce peuple, qui est une véritable mosaïque, s’est transformé en bombe à fragmentation.
Pour les plus jeunes, il faut rappeler que le Baas a été créé par un chrétien qui s’appelait Michel Aflak et que la lutte contre la France a été dirigée par une équipe multiconfessionnelle ayant à sa tête un druze. Aujourd’hui, le Syrien se définit par sa communauté d’origine et non pas par son appartenance à un pays pétri d’histoire. Ce n’est pas une révolution, c’est une tragédie merdique, moyenâgeuse qui fait subir le martyr à tout un peuple. Ceux qui ont armé les opposants, le Qatar en particulier, sont de vrais criminels. Pacifique, la révolution serait venue à bout du dictateur probablement en payant un tribut moins lourd en vies humaines.