Le nouveau pharaon par ( Jamal Berraoui )
Sans surprise Abdelfattah Sissi a présenté sa démission de l’armée et annoncé sa candidature à la présidence, « à la demande insistante du peuple Egyptien ». Pour bien fixer le cadre de ces élections, sur toutes les chaînes publiques qu’il a fait son annonce, prouvant que la neutralité de ces médias n’est pas de mise. Les comparses ont fait mine de s’en offusquer, sans plus.
Ils savent qu’ils sont là pour meubler une consultation qui n’est en fait qu’un plébiscite pour un dictateur, qui bénéficie selon son discours, « du soutien du peuple » et dans les faits de celui de tout l’appareil d’Etat. Pendant ce temps, les tribunaux de l’inquisition collectionnent les jugements effroyables. 500 personnes condamnées à mort, après 10 heures d’audience, même la Corée du Nord ne fait pas mieux. Mais Sissi n’en a cure. Les monarchies du Golfe ont réussi à le faire adouber par la défunte ligue Arabe. L’Occident à lâché prise et ne parle plus que de stabilité et Moscou le soutien totalement. Seulement, il y a un peuple qui s’est soulevé, qui a cru, avec la chute de Moubarak avoir balayé la dictature. C’est désormais inscrit dans son ADN. Le problème de toutes les contre-révolutions, c’est qu’elles sont fragilisées par le fait, quelles succèdent justement à une révolution. Après une période de désarroi, où les peuples cèdent à l’abattement, ils reprennent le chemin de la contestation. La lutte contre le terrorisme, slogan de Sissi, ne peut pas faire oublier que c’est son coup d’Etat qui a initié ce même terrorisme.
Sissi en nouveau pharaon, ne pourrait prétendre à la stabilité s’il ne fait pas une ouverture, au moins gracier les condamnés à mort et relâcher Morsi. Sinon sa dictature ne pouvant tenir que par la
violence, l’Egypte ne se relèvera pas. Le plus dangereux c’est que la justice et les médias sont à ses bottes, se décrédibilisant totalement et durablement. Le sentiment qui se dégage est que la prochaine révolte sera une jacquerie contre les élites.