Atatürk est toujours omniprésent chez les Turcs. Vu de l’extérieur on limite son rôle à la laïcité que l’on présente comme la sortie du féodalisme. Si les Turcs ont gardé les horloges du Palais où il vivait, bloquées à 09h05, l’heure où il est décédé, s’ils ont fait de ce palais mais aussi de son navire des monuments, c’est qu’ils estiment son œuvre beaucoup plus importante.

Ce militaire a pris les rênes du pouvoir alors que défait lors de la grande guerre l’empire Ottoman voit  même l’Anatolie menacée par la Grande Bretagne, c’est lui qui mène la résistance contre les Anglais, négocie à la conférence de Lausanne et obtient le respect des frontières de la Turquie et l’abandon de l’idée d’un Etat Kurde. Le problème kurde est toujours d’actualité même si le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) a déposé les armes.

La Turquie a réussi à sortir de son passé impérial sans le renier. C’est même une fierté dont se réclament tous les leaders politiques. Le génie d’Atatürk c’est justement d’assumer pleinement l’héritage Ottoman, d’en faire une fierté nationale tout en éliminant toute nostalgie. A sa mort, la Turquie actuelle était déjà en place.

Islamistes, tentés par des aménagements de la laïcité et laïcs se réclament de cette œuvre. Son portrait trône partout. Il avait lui-même maintenu les monuments Ottomans tels quels, y compris ceux célébrant des militaires qui se sont distingués lors des guerres du moyen-âge.

Le traitement fait par les manuels d’histoire qui le plaçaient à côté de Mussolini, Staline et Hitler est très injuste. Où a-t-on vu un dictateur resté adulé un siècle après son décès ?

La démocratie, une réalité en Turquie était-elle possible en 1923 ? Et s’il n’avait pas usé d’autoritarisme dans un pays dévasté, serait elle une réalité aujourd’hui ? Les Turcs ont fait leur choix, celui de la raison, en gardant leur reconnaissance à Atatürk.