Le poids de l’histoire ( Par Jamal Berraoui )
Les dirigeants de l’USFP ont décidé de commémorer, chaque année, toutes les victimes des années de plomb. Baptisée la journée de la fidélité, elle aura lieu chaque 29 octobre, date anniversaire de l’enlèvement de Ben Barka. Ce soir, devant Derb Moulay Chérif, en présence des historiques, y compris Youssoufi, des milliers de Tihadis se rassembleront.
Cette manifestation intervient à un moment critique dans la vie du parti. Elle est d’abord à usage interne. Elle se veut un moyen de ressouder les troupes, autour d’une identité profonde forgée dans la souffrance et les sacrifices.
La réflexion identitaire est lancinante pour toutes les gauches du Monde. Au Maroc, la montée des conservatismes, la défaite électorale, les remous de ce que l’on a appelé le printemps arabe, ont déboussolé une gauche qui se cherche un nouveau projet.
Le retour au passé, à l’histoire est peut-être un moyen de ressouder les troupes, mais cela ne réglera pas le problème du projet à confectionner. Rappeler aux jeunes que les espaces de liberté ont eu un prix et qu’il s’est trouvé des hommes et des femmes pour le payer est de la plus haute importance. Mais ils ne se mobiliseront que derrière un projet, un dessein, un avenir.
La journée de la fidélité, organisée partout au Maroc, a un autre objectif : celui de réunir la famille du Tihad. Les multitudes scissions ont affaibli le mouvement. Il n’y a plus aujourd’hui aucune raison objective pour maintenir les divisions. En appelant à l’histoire commune, la direction veut préparer le terrain à cette rencontre, à ces retrouvailles déjà entamées par Ben Atik et Bouzoubaâ.
L’USFP a choisi depuis longtemps, bien avant l’IER de tourner la page. La manif d’aujourd’hui n’est pas une manière de la rouvrir. Il est utile que les jeunes sachent que cette histoire est dans les gènes de leur parti.
Si le mouvement Tihadi survit, c’est pour une raison historique : il est le produit de la lutte des masses. Des erreurs stratégiques ont été faites, dont la plus récente est la participation au gouvernement Jettou. Les critiques en interne sont beaucoup plus dures que ce que l’on peut lire ici ou là. A l’inverse, il y a un mouvement des jeunes, des cadres, vers l’USFP. Tous ceux qui veulent résister à l’Islamisme veulent se saisir du seul instrument disponible même s’il n’est pas dans son meilleur état. L’histoire ce n’est pas un ensemble de symboles et la mémoire collective est une réalité.
Driss Lachgar a raison d’y faire appel en soutien, dans sa tentative de reconstruction.