Le Polisario et le Mujao
Des think tanks très sérieux confirment que les jihadistes ont réussi à infiltrer les camps de Tindouf et que les jeunes sont sensibles aux sirènes du terrorisme sahelien. Cela fait des années que le Maroc tirait la sonnette d’alarme, sans effet, parce que la vérité était assimilée à de la propagande. Le phénomène est maintenant établi, il faut le comprendre et en tirer les conséquences. Ce n’est pas la direction du front qui pactise avec les terroristes. Mais nous sommes face à des populations très vulnérables. Les jeunes nés dans les camps sont privés de tous leurs droits, y compris les plus élémentaires. L’Algérie qui les considère comme des réfugiés, ne leur accorde ni le droit à la libre circulation, ni celui du travail. Ils sont condamnés
à vivre de l’aide étrangère, sans aucune perspective. La responsabilité de la direction du Polisario c’est de les forcer à vivre ainsi et de refuser de leur offrir une issue politique.
Ces jeunes savent que la cause séparatiste est perdue, ne font aucune confiance à la clique de Abdelaziz, mais en même temps, sont formatés dans la haine par un quotidien des plus sinistres. L’adhésion idéologique au jihadisme cache mal les appétits matériels. Au Sahel, il s’agit d’abord de gros trafics très lucratifs. Le groupe qui recrute le plus dans les camps est le Mujao. Armes, cigarettes, cocaïne, il ne recule devant rien pour amasser de l’argent. Les « militants » perçoivent des salaires très conséquents et ont la possibilité de financer leur famille. D’ailleurs, le phénomène a commencé il y a plusieurs années, après les inondations qui ont submergé Tindouf.
Des centaines de jeunes Sahraouis avaient été recrutés à Zouirat en Mauritanie. Ceci étant acté, il faut en tirer les conséquences. La première, est que si des Etats, comme le Maroc, la Tunisie et l’Algérie n’ont pas éradiqué le jihadisme, il est peu probable que le Polisario y réussisse. La seconde, c’est que les camps, par la situation de précarité généralisée qu’ils imposent, sont un véritable vivier pour les terroristes du Sahel. Partant de là, on voit bien que tous les pays limitrophes sont concernés. Le conflit du Sahara, sans la retenue marocaine, aurait pu dégénérer il y a des décennies et déstabiliser l’ensemble de la région. Aujourd’hui, le risque est patent et il menace non seulement la sécurité de l’Afrique du Nord, mais aussi celle de l’Europe. L’Algérie a été touchée par l’attaque d’un site gazier, censé être hyper protégé.
Malgré la décennie noire et tout ce qui s’en est suivi, la menace terroriste est une réalité. Sur le plan sécuritaire, tous les pays de la région sont logés à la même enseigne, celle du risque potentiel. La résolution du conflit autour des provinces du sud devient une urgence sécuritaire, la seule issue viable étant l’autonomie sous souveraineté marocaine. Alger assume une grande responsabilité, en maintenant une situation qui ne peut qu’aggraver les risques liés au désespoir de ces populations. Un pays confronté au terrorisme, qui maintient sciemment un tel foyer d’instabilité, c’est une incohérence absolue.