Le rappel à l’ordre ( Par Jamal Berraoui )
L’essentiel du discours du 20 août a été consacré à l’éducation. Le constat d’échec a été rappelé. Le Roi a aussi mis en exergue la nécessaire continuité qui devrait caractériser la politique publique dans ce domaine réfutant l’idée d’un changement de cap à la nomination de chaque gouvernement.
Refusant la passivité, le gouvernement n’ayant pas fait de projet de loi pour la mise en place du Conseil prévu par la constitution, le Roi a nommé Azziman à la tête de la commission ressuscitée. Cela rentre dans la phase transitoire prévue par la charte fondamentale du 1er juillet 2011.
L’éducation a fait l’objet de plusieurs discours, plusieurs commissions. Les résultats n’ont pas suivi. Le discours note que cette question ne peut faire l’objet d’aucune surenchère politicienne. Le grand écueil est là. Au lieu d’être l’un des consensus fondamentaux de la construction démocratique, l’école est un enjeu de la bataille idéologique. A cela, s’ajoute bien sûr le corporatisme du corps enseignant incapable de dépasser les revendications, même légitimes, pour se hisser au niveau de l’exigence nationale la plus impérieuse.
L’un des objectifs proclamés de la réforme Akhchichène était de « remettre l’école au cœur de la Nation ». L’objectif n’a pas été atteint, mais rien n’empêche de le reprendre. Il faut effectivement un engagement de l’ensemble des forces vives pour rendre à l’école son rôle de facteur d’intégration, de cohésion et de mobilité sociales.
Azziman est un homme consensuel qui a déjà pu fédérer sur d’autres dossiers. Feu Meziane avait lui aussi ces qualités mais a buté sur l’atonie des politiques et ne cachait pas sa déception en privé. Lui le pur produit de l’école publique constatait que celle-ci était en déperdition et répétait souvent « nous allons dans le mur, l’ascenseur social est bloqué et les ministres successifs gèrent les affaires courantes ».
Tous les rapports des institutions internationales mettent l’accent sur la faiblesse du système éducatif et le considèrent comme le principal handicap à l’émergence. Face à ce chantier, les chamailleries politiciennes donnent leur vraie mesure : ridicules et irresponsables.