Le renseignement, entre efficacité et légitimité : le Maroc, l’un des rares pays qui satisfait à cette union
Dans le passé, dès que l’on entendait parler ou prononçait « Renseignement », « Services de Renseignement », « Agents de renseignement » ou sujets connexes, les cheveux du commun des mortels s’hérissaient, changeant vite de sujet, faisant, le plus souvent, semblant de n’avoir absolument rien ouï. C’était automatiquement et méchamment assimilé à un « sale boulot », en parfaite contradiction avec les valeurs intrinsèques de la société.
Quant aux Agents de renseignement, ils multiplient différentes couleurs de mensonge pour garder leurs secrets même vis-à-vis de leurs proches alors que ce métier reste l’un des plus vieux et nobles de tous les temps. Aujourd’hui, cette profession est vue tout à fait différemment, en raison de ses importantes évolutions et mutations qu’elle a connu au cours de l’histoire, aussi bien dans sa conception, que par ses acteurs. La vielle formule prussienne est ainsi de retour, dans son sens le plus magnanime : « Le Renseignement est un métier de Seigneur ».
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Effectivement, les Services secrets deviennent réputés être les bons pères de familles, veillant ainsi à la sûreté et la sécurité des citoyens, voir même de la communauté internationale, surtout quand ils décèlent et avortent, en étroite collaboration avec leurs homologues étrangers, dans un silence absolu, des projets terroristes, à visée transnationale. Ceux-ci ne sauraient non plus agir sans avoir obtenu l’ordre, de l’autorité politique légitime.
Nouveau visage du Renseignement
Au Moyen-âge, l’espion médiéval fût celui qui recevait l’information grâce à ses sens, principalement, la vue et l’ouïe alors que de nos jours, l’Agent de renseignement moderne ne saurait exercer, brillamment, son métier sans le recours systématique aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, à l’exemple, essentiellement, de l’Open Source Intelligence (OSINT), plus communément connu sous l’appellation de « Renseignement de Source Ouverte ».
L’OSINT est une méthode de renseignement pour l’atteinte d’objectifs stratégiques, à portées sécuritaires, militaires ou encore économiques, axée sur la collecte et l’exploitation d’informations ouvertement accessibles, émanant, principalement, des réseaux sociaux, des médias, d’annuaires publics ou encore de différentes bases de données, publiées ouvertement. Méthode relativement nouvelle et à faible coût pour un service de Renseignement, l’OSINT s’est imposée ces dernières années. Adoptée par les nations de moyenne puissance, jusqu’au grandes nations, la valeur ajoutée de l’OSINT n’est plus à démontrer. Cette collecte d’informations sur la base de sources ouvertes, complémentaire aux sources traditionnelles (HUMINT, SIGINT, IMINT…) démultiplie la puissance d’un service de Renseignement et in fine, la qualité et la pertinence de ses analyses.
Ce qui facilite l’accès au Dark Net, faisant réussir des opérations de sécurité et de contre-renseignement, à même de permettre, via le net et les réseaux sociaux, une compréhension approfondie des objectifs des terroristes, de leurs moyens d’attaque et des cibles potentielles. En outre, il demeure nécessaire de noter que l’Agent d’hier et celui du présent doivent, nécessairement, jouir d’un trait de caractère exceptionnel qu’est la « discrétion », une qualité vitale qui représente un gage essentiel de la sécurisation de leurs personnes et missions.
Un autre visage du Renseignement d’aujourd’hui, l’extension de ses activités à l’univers Cyber. Certains États font aujourd’hui face à de nouvelles menaces devenues permanentes et en constante progression. Et dépendamment de raisons géopolitiques, économiques, politiques, sociales, religieuses, identitaires, ou toute autre considération, les revendications naissent de plus en plus dans l’espace virtuel et ont des conséquences dans le monde réel. Le cyberespace est ainsi devenu particulièrement propice à la protestation, et est l’objet d’ingérence et de manipulation intérieures et extérieures. Aussi, les services de Renseignement et les agences qui leurs sont rattachées n’ont d’autres choix que de développer des expertises de plus en plus pointues dans la Cyber ; aussi bien défensivement, qu’offensivement.
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Quant à la gradation existante entre l’espion, ses contacts et ses informateurs, celle-ci reste aussi importante que dans le passé et devrait se faire, diligemment, en fonction de l’intensité et du degré de l’implication dans la recherche d’informations et dans la durée. A ce titre, le numérique a grandement facilité les échanges et multiplié les canaux de collaboration.
Espionnage ou Trahison, des crimes gravement blâmés par toutes les juridictions
Toutes les législations pénales condamnent lourdement des actes d’espionnage alors qu’il s’agit de la mission régalienne de toutes les Agences de renseignement, à travers le monde. Aussi, est-il important de souligner que la dénomination change selon la nationalité de l’auteur du crime : un étranger sera poursuivi pour espionnage, alors qu’un national sera condamné pour trahison. Bien que rarement appliquée, la criminalisation de l’espionnage est motivée par l’esprit public qui rejette, en permanence et avec obstination, l’espionnage, le qualifiant d’immoral car il s’agit d’une chose totalement répugnante.
A vrai dire, la recherche des secrets entre pays n’est pas en elle-même fautive tant qu’il s’agit de l’usure de moyens loyaux. A titre d’exemple, en matière d’espionnage industriel ou économique, le recrutement d’un expert, ressortissant d’un pays étranger, dans un domaine déterminé, ne peut-être qualifié d’acte illégal, pour la motivation que le pays hôte recueillera des secrets de fabrication ou s’enquerra des références et coordonnées des concurrents ou clients potentiels.
Le seul moyen pour un Etat de se protéger de tels débordements consiste à promulguer des textes légaux et réglementaires qui éviteraient à l’avenir à ce que ce type de débordement survienne, à l’exemple de la Directive européenne 2016/943 du 8 juin 2016 sur la protection des secrets d’affaires qui établit des règles communes visant à protéger les entreprises de l’Union européenne contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites de leurs informations sensibles.
A cet égard, l’Union africaine pourrait s’inspirer de cet exemple européen et faire ressortir une réglementation africaine en pareille matière.Aussi, est-il important de souligner la nécessité du cadrage des contrats de travail avec des employés experts dans des secteurs stratégiques où une politique de confidentialité s’impose, intégrant, notamment, des clauses de non-concurrence.
Le Renseignement tire sa puissance de son caractère éthique et transparent
Agir pour prémunir, Observer pour piocher un maximum d’informations et Opérer dans la légalité pour la bonne image du pays et celle des cinq continents, telles sont les principales actions qualitatives du Renseignement marocain qui le place parmi les machines sécuritaires les plus puissantes au monde.
Au XXIème siècle, le monde de l’espionnage et les enjeux qu’il charrie s’exerce, de plus en plus et généralement, d’une manière majestueuse, bien que cela semble être, pour le commun des mortels, assez complexe à ingurgiter, faisant sortir trahison et en l’assimilant à une atteinte à la vie privée de la personne ou encore à celle à la souveraineté étatique. Aujourd’hui, les Etats ont tendance à communiquer de plus en plus sur les valeurs et les objectifs de leurs Services de Renseignement et ce, pour tranquilliser les opinions publiques. A cet égard, des communications institutionnelles, faisant sortir quelques informations sur leur fonctionnement, s’avèrent être le moyen le plus adéquat pour éclairer l’opinion publique, à travers les milieux médiatiques et les réseaux sociaux.
Tout compte fait, le paradigme de l’information ou du renseignement se matérialise par une approche mécaniste, puisant ses sources, ouvertement, du modèle cybernétique de la communication, toutes tendances confondues. Et c’est l’accumulation de tant d’informations qui peuvent résoudre des questions stratégiques en suspens.
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Toujours est-il que le paradigme du renseignement s’inscrit dans une logique cognitive d’analyse stratégique, permettant de mettre à profit les connaissances des Agents qui doivent être sur tous les mécanismes du métier. Car, in fine, ce sont les dossiers traités par les Agents de renseignement qui demeurent les plus vulnérables et qui devraient être classés « Secret Defense » et non pas les prérogatives des Institutions dont ils relèvent.
L’Intelligence Sécuritaire, une clef de légitimité du Renseignement
Le Renseignement prend une nouvelle forme, dans une sphère communicationnelle de plus en plus étendue où la connaissance confectionnée par des acteurs privés entre en rude concurrence avec les services de l’Etat. Ainsi, l’Intelligence Sécuritaire apporte un début de réponse à cette rivalité, dans le cadre d’un partenariat public-privé réussi.
Par Mehdi Hijaouy, expert en Securité, Sûreté, Renseignement et Intelligences économique et stratégique. Fondateur du Washington Strategic Intelligence Center, Mehdi Hijaouy est titulaire d’un Executive MBA en « Stratégie d’Influence, Négociation et Guerre Psychologique » – École de Guerre Économique (EGE), Paris et d’un Executive MBA en « Management des Risques, Sûreté Internationale et Cybersécurité » – EGE, Paris.