Le retour de l’Etat et l’esquisse d’une gouvernance des transports urbains
Devant l’aggravation de la crise des transports urbains qui commence à étouffer le développement économique des grandes métropoles où se crée l’essentielle de la richesse nationale, L’Etat a décidé finalement de revenir en force pour sortir du bricolage institutionnel et s’engager dans une véritable politique publique pour moderniser les transports urbains. Une nouvelle gouvernance du transport se met progressivement en place, avec une forte implication dans les montages financiers, soit du ministère de l’Intérieur et du ministère des Transports, soit d’agence spécialisée, soutenue par l’Etat comme l’Agence du Bouregreg. par S. AL Attar
Le tramway de Rabat
L’entrée en service du tramway Rabat-Salé marque ainsi un saut qualitatif dans les transports collectifs urbains au Maroc. Il devrait révolutionner le transport entre les deux villes voisines, tout en prolongeant la liste des grands projets structurants lancés depuis une décennie au Maroc : port de Tanger sur la Méditerranée, maillage autoroutier, stations balnéaires, etc. Autant de projets auxquels le partenaire européen a été plus ou moins associé dans le cadre de la modernisation des infrastructures du pays. La plateforme du tramway relie désormais les villes de Rabat et de Salé sur 20 km. Les principaux pôles d’activité, les centres administratifs, universités, hôpitaux, gares ferroviaires et routières sont désormais desservis dans des conditions de confort et d’accessibilité optimales. Les rames sont non seulement climatisées, mais elles sont conçues selon la technique à plancher bas intégral pour faciliter l’accès des personnes à mobilité réduite. Haut de 13 mètres, le nouveau pont facilitera en outre la navigabilité du fleuve Bouregreg. Cela devrait faire le bonheur des bateaux et voiliers, surtout que la marina est adjacente au pont. Enfin, l’usage du pont sera d’autant plus valorisé qu’il donnera accès au nouveau tunnel qui vient d’être creusé sous les Oudayas, la Kasbah historique de Rabat datant du 12ème siècle. La réalisation de ces ouvrages fait partie d’un projet plus vaste, portant sur l’aménagement de la vallée du Bouregreg en plusieurs séquences. D’autres infrastructures telles que le Théatre National sont en cours et devraient voir le jour successivement au cours des prochaines années.
Le tramway de Casablanca
L’expérience de Rabat a été étendue à Casablanca avec un succès immédiat. Plus de 250.000 voyageurs par jour emprunteront cette première ligne de tramway. A titre de comparaison, les bus casablancais transportent 600 000 usagers par jour. Le mobilier de station se compose de 377 luminaires, 377 bancs en béton, 377 grilles d’arbres avec corsets et 283 corbeilles de propreté. La création du nouveau pôle d’échange «Casa-Voyageurs» a permis de doubler la surface de la zone accessible aux piétons (10.100 m2), avec des aires de jeux praticables. Les zones en sable stabilisé ont été spécialement étudiées pour offrir des espaces de jeu aux enfants du quartier. Ces zones sont également perméables et plus faciles à entretenir dans le temps que les zones engazonnées. La place est désormais conçue pour être à la fois un espace public de quartier et un pôle d’échanges de transports entre tramway, bus et train. De nombreux agents seront présents tout au long du parcours, afin d’aider les usagers et les Casablancais à se familiariser avec cette infrastructure. À chaque station, quatre personnes sont disponibles pour informer les voyageurs. Cette première ligne est longue de 31 km. De bout en bout, le parcours pourra être réalisé en 65 minutes. Chaque rame (de 65 mètres), pourrait accueillir jusqu’à 600 voyageurs dont 100 places assises.Le réseau est composé de 48 stations comprenant chacune une dizaine d’abris. Avec le méga projet de Développement de la Région du Grand Casablanca, le transport va connaître un développement encore plus important, puisque près de 27 milliards de dirhams seront consacrés à l’extension des lignes de tramways et à l’extention et à la rénovation des voies de circulation à l’intérieur de la métropole.
Le tramway de Marrakech et de Fès en projet
Selon les données de la DGCL, la ville de Marrakech pourrait être la troisième ville à se doter d’un Tramway avant la capitale spirituelle. En effet, la troisième ligne de tramway au Maroc, initialement envisagée à Fès, devrait voir le jour à Marrakech. Le choix de la capitale du Sud est motivé par le fait qu’elle constitue l’une des villes marocaines qui a connu la plus grande expansion, depuis la bulle immobilière des années 2000. Le lancement des travaux de cette nouvelle ligne, après celle de Rabat et de Casablanca, est prévu pour fin 2014, selon la DGCL. D’après cette même source, le financement de ce projet sera assuré à travers une contribution de la ville, de l’Etat et de la Direction générale des collectivités locales, en plus de la participation d’autres partenaires. En ce qui concerne les contours du projet, les premières informations indiquent que le tracé de la première ligne devrait relier Marrakech à la nouvelle ville de Tamansourt, en passant notamment par Sidi Ghannem, Al Mazar, Menara, Agdal…