Le saut dans l’inconnu par ( Jamal Berraoui )
C’est l’image qui a fait le tour du monde. Bouteflika accompagné jusqu’à l’isoloir et même à l’intérieur de celui-ci pour voter. Pouvait-il mettre lui-même le bulletin dans l’enveloppe ? La question est posée sur tous les plateaux où les blagues fusent.
Mais le peuple algérien lui, ne rit pas ou rit jaune. Il reçoit cette image comme une humiliation. On lui impose la présidence d’un homme malade, plus qu’affaibli, impotent. Le mouvement Barakat prend de l’ampleur malgré une répression musclée. Le mur de la peur, celle de revivre les années de braise où des dizaines de milliers d’algériens ont péri, ce mur là se lézarde. Il n’est pas totalement tombé, mais il se lézarde.
Remplis, homme issu du système dénonce la falsification. Des intellectuels appellent à la mobilisation. Un puzzle est en train de se constituer. Et comme toujours la Kabylie est à la pointe du combat.
Ce qui est aujourd’hui un mouvement pacifique naissant, se transformera en révolte. C’est de la réponse qui lui sera apportée que dépendra l’avenir.
Si l’armée continue à faire la sourde oreille et à utiliser la violence, un nouveau cycle de déchirements est plus que probable. Il ne faut pas le souhaiter à un peuple déjà martyrisé par la lutte pour sa libération et le terrorisme sanglant. Malheureusement, cette option est ouverte. Sauf miracle, l’armée ne va pas desserrer l’étau d’elle-même, si elle le voulait, elle aurait ouvert une transition à partir de ces élections présidentielles.
Ce risque de déstabilisation réelle, à nos frontières, alors que la Libye est devenue ingouvernable et que la Tunisie n’est pas sortie de l’ornière nous appelle à la vigilance. Cela se traduirait d’abord par le maintien de la cohésion sociale, en excédant aux revendications les plus pressantes et en accélérant les réformes politiques.
Ceux qui ont enterré le printemps arabe avec le régime de Morsi vont trop vite en besogne. La lame de fond, telle un cyclone peut renaître, avec une puissance démultipliée. Cela s’est déjà vu dans l’histoire. Ce n’est pas jouer à se faire peur que d’être attentif à ce qui se passe autour de nous en anticipant les effets possibles sur notre pays.