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Le sport a besoin de gouvernance et de transparence

Dans les écoles, il y a longtemps, on apprenait aux enfants qu’un Roi de France avait dit que «labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France», expliquant par là à ses concitoyens que l’essor et le développement du pays reposaient sur ces deux travaux principaux dans les campagnes.

De nos jours, face à une crise sportive sans précédent, le ministre de tutelle, Ouzzine, n’a de cesse de répéter  que les causes du déclin du sport marocain sont la mauvaise gouvernance et le manque de transparence. Le  ministre l’a répété, encore, l’autre jour lors d’une conférence à la MAP, où devant un auditoire choisi il  a stigmatisé « ces dirigeants fédéraux incapables de bien gérer et rétifs à justifier leurs dépenses et déficits ».

Ne pas botter en touche

La crise donc du sport se résumerait-elle seulement à ces deux tares (mauvaise gouvernance et manque de transparence) ? Non bien sûr, car s’il en était  ainsi, il serait facile pour le ministre d’y remédier en se bornant à faire appliquer les lois dont il dispose et  qui lui permettent de geler les activités de toute entité sportive et d’en remettre la gestion à qui bon lui semble. Car enfin, c’est le ministère, représentant de l’Etat qui  finance les fédérations et par conséquent les clubs, et  donc au lieu de se borner à dénoncer, le ministre à tout loisir de sévir et de punir.  Cependant, s’il se contente de désigner du doigt les manquements au lieu de  les corriger, c’est qu’il y  a anguille sous roche. En vérité, son ministère n’a pas toute latitude pour intervenir. Si le problème s’arrêtait à  une ou deux fédérations, l’action ministérielle serait facilitée, comme on l’a vu dans le passé, lorsque les fédérations de cyclisme, basket-ball et même le «roi» football sont passées sous  les fourches caudines des commissions administratives et provisoires que le ministère décrète quand  il dissout les bureaux fédéraux.

les partis politiques au siège du Parlement

Aujourd’hui, avec une demidouzaine de fédérations au bord de la rupture, le  ministre n’a pas assez de cadres administratifs pour remplacer les fédérations défaillantes. Citons un   chiffre qui fait peur : ce sont plus d’un millier de fonctionnaires qualifiés  du ministère qui ont choisi  de quitter l’administration générale en empochant leur DVD (départ volontaire).  Une hémorragie qui a laissé un département, déjà pauvre en compétences, carrément exsangue.  Alors, comment et par qui remplacer ceux qu’on aurait renvoyés ? Il y a plus grave, rien ne prouve que les dirigeants  qui viendraient gérer certaines disciplines sportives auront les moyens de mieux réussir que leurs  compères décriés. Le rugby, la boxe, la natation, le handball, la gymnastique, la lutte, le  volleyball, l’escrime, le badminton, le hockey (oui, oui tout cela existe et survit dans les difficultés en  tous genres), connaissent des crises cycliques et  leurs champs d’action s’amenuisent, au fil des  saisons, comme une peau de chagrin.

Il y a fort à redouter que  certaines disciplines ne disparaissent totalement, même se cela fait plus d’un demi siècle qu’elles sont  pratiquées au Maroc. Que sont devenus aujourd’hui les fameux contrats d’objectifs signés  par l’ex-ministre, Moncef Belkhayat, à grand renfort de communication tapageuse, avec plus de 35  fédérations sportives ? Quelle est la fédération qui peut se prétendre en règle avec le ministère de tutelle ? Et à  qui, sincèrement, le ministère peut-il raisonnablement demander des comptes quand  son staff administratif est lui même incapable de contrôler budgets et programmes de travail ?  Embourbé dans toutes sortes de problèmes «politiciens», le ministère subit plus qu’il n’agit.

Il est resté impassible  lorsque le président du basket-ball, Dinia, pourtant dûment élu, a préféré partir de la fédération, avouant par là l’impossibilité de diriger cette discipline. N’aurait-il pas fallu à ce moment s’interroger sur les raisons qui peuvent pousser un basketteur chevronné (Dinia est un exinternational  ayant évolué dans l’un des meilleurs clubs marocains) et de surcroit, cadre supérieur du ministère de l’Intérieur, à quitter sans  demander son reste à la scène sportive. N’était-ce pas là un fait  grave qui aurait dû alarmer les hauts responsables sur les difficultés inhérentes à la gestion des fédérations ?  Les dirigeants sportifs ne sont pas tous des incompétents ou des voleurs, comme voudraient le laisser croire certaines déclarations, mais beaucoup d’entre eux sont animés de bonne volonté et d’un  réel désir de s’investir dans l’activité sportive. Celle-ci peut être enthousiasmante, vecteur de progrès pour la jeunesse et favoriser le développement social, économique et culturel.

Au lieu de cela, une  médiocrité aliénante s’est installée partout. La suspicion règne, au point que même le ministre ne  mâche plus ses mots pour condamner ceux qu’il est pourtant censé protéger et défendre.  Qui a tort ? Qui a raison ? Qui sont les véritables coupables ? Bien malin qui pourrait répondre à ces questions. Les doléances et accusations fusent de partout, au point que l’on ne peut plus distinguer le faux du vrai.  Or, quand tout le monde est coupable, il n’y a plus de coupables. Mais hélas, il y a des  victimes, beaucoup de victimes et toutes sortes de dommages collatéraux. Tout cela, n’est pas très glorieux. Hélas ! ■

 
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