Le takfirisme impuni par ( Jamal Berraoui )
Lachgar, Assid, Abdellah Laroui et bien d’autres, sont la cible des salafistes. Des menaces de mort ont été ouvertement proférées. Leur crime, chacun est intervenu sur des problèmes de société de son point de vue.
Lachgar sur l’héritage et la polygamie, Assid l’Etat et la religion et Laroui sur la non sacralité de l’arabe.
Que de prétendus salafistes recourent au takfir, appellent à la violence, au meurtre est dans la nature des choses. Pendant longtemps, j’ai défendu l’idée qu’une idéologie totalitaire, haineuse était incompatible avec l’espace démocratique et devait en être exclue par la loi. Ils ont préféré dialoguer avec eux, en vue de les intégrer dans le jeu politique. Ils, ce sont tous les apprentis sorciers qui croient qu’une démocratie se construit par des combines et non pas autour des valeurs.
Maintenant, nous avons les mains liées. Parce qu’il a lui aussi reçu des menaces, tout autant condamnables, le député PJD Abouzaid a demandé la protection des services. Nous sommes devant une situation ubuesque. Les théoriciens qui lancent les fatwas sont impunis, ont pignon sur rue, les journaux recueillent et relayent leurs prêches. On attendra qu’un cordonnier passe à l’acte pour sévir et encore, sans toucher aux chioukhs.
Cette permissivité est très dangereuse parce que cette idéologie est la matrice qui fonde le terrorisme. Ils sont des milliers à combattre en Syrie, les survivants qui reviendront, seront un danger permanent. Et légalement, on pourra peut-être les poursuivre parce qu’ils ont utilisé un faux passeport, mais sans plus. Il n’y a pas de loi au Maroc qui interdit à un citoyen de participer à une « révolution » que la diplomatie, elle, soutient.
La mini tempête actuelle s’estompera, puis il y en aura une autre, parce que la réaction de la société est d’une timidité proche de la léthargie et que les institutions ne veulent pas définir les frontières de la démocratie. Cette lâcheté idéologique nous la payerons, c’est fatal.