Le Trésor américain surveille de près le Maroc
La fuite de rapports bancaires top secrets révèlent que le Maroc est une zone grise du contrôle des flux financiers, rapporte LeDesk.ma.
« FinCen Files, enquête menée par le Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ), est basée sur des documents secrets reçus par le média américain BuzzFeed News. Elle révèle comment les flux illégaux internationaux d’argent permettent la corruption et la criminalité à l’international. Ces rapports bancaires transmis au Trésor américain soulignent que Attijariwafa bank est derrière plusieurs alertes aux autorités américaines. Les autres groupes bancaires, hormis Bank of Africa à de très rares exceptions, sont tous absents de cette base de données. Attijariwafa bank fait ainsi figure de bon élève, malgré la rareté relative de ses flags.
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L’enquête révèle que concernant le Maroc, peu de données existent sur les transactions émises ou reçues par des individus à travers des banques. Moins de 10 transactions concernant une poignée d’individus, dont aucune personnalité publique, ont été signalées au FinCen par leurs banques pour des montants allant de 600 à 8790 dollars. Paiement destiné à un compte bancaire localisé dans un paradis fiscal, fonds provenant du Liban… de multiples raisons pourraient justifier ces signalements sans détails, ce qui laisse croire qu’il ne s’agit que de précautions prises par des employés de banque prudents. Les virements bancaires de Oppo Maroc, d’un montant total de 1,4 million de dollars avec des montants individuels ne dépassant pas 400.000 dollars, ont également été signalés au FinCen.
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A noter que plus de 400 journalistes de 88 pays ont mené durant 16 mois l’enquête « FinCen Files » (FinCen est l’Unité de renseignement du département du Trésor américain chargée de prévenir et punir le blanchiment d’argent et autres délits financiers majeurs). L’enquête mondiale est basée sur 2121 rapports d’activités suspectes émis principalement entre 2011 et 2017 et signalant plus de 2000 milliards de dollars de transactions.
Les mauvais élèves
Francetvinfo.fr indique pour sa part qu’en dépit de leurs déclarations d’intention, de nombreuses banques s’accommodent de l’argent douteux. Les autorités américaines, qui jouent un rôle de premier plan dans la lutte mondiale contre le blanchiment d’argent, leur avaient ordonné de réformer leurs pratiques. Elles leur ont infligé des amendes parfois de centaines de millions, voire de milliards de dollars, et les ont menacées de poursuites pénales dans le cadre d’accords dits de report de poursuites. L’analyse de ces documents secrets permet plus généralement de cibler cinq banques mondiales : JPMorgan, HSBC, Standard Chartered Bank, Deutsche Bank, et Bank of New York Mellon. Parmi elles, en 2012, HSBC, la plus grande banque d’Europe, basée à Londres, a admis avoir blanchi au moins 881 millions de dollars pour le compte des cartels de la drogue en Amérique latine. Les FinCen Files montrent également que l’Arab Bank était en relation avec une banque beaucoup plus grande et plus influente : Standard Chartered. Cette banque, dont le siège est au Royaume-Uni, a aidé les clients d’Arab Bank à accéder au marché financier américain et ce, en dépit des défaillances constatées par les autorités de régulation dans le système de lutte contre le blanchiment d’argent d’Arab Bank en 2005. Elles l’avaient contrainte à réduire ses activités de transfert d’argent aux États-Unis.