Interview

«L’effort enregistré en amont du secteur n’a pas été poursuivi en aval»

Le Président de la FISA met la lumière sur la stratégie de la Fédération et fait le bilan en chiffres des réalisations dans le cadre de la feuille de route de la filière.

Pourriez-vous nous brosser brièvement un tableau sur le poids du secteur avicole au sein de l’économie nationale ?
Le secteur avicole joue un rôle socio-économique important dans l’économie nationale. Il assure la totalité des besoins du pays en viandes de volailles et en œufs de consommation. En 2015, la consommation moyenne par habitant et par an a atteint près de 19 kg de viandes de volailles et 170 œufs, assurant environ 38% des protéines d’origine animale dans la ration alimentaire du consommateur marocain. Les investissements cumulés dans le secteur ont avoisiné les 11 milliards de DH, le chiffre d’affaires s’est élevé à 29,6 milliards.Le secteur offre 136 000 emplois directs dans les unités de production et 310 000 emplois indirects dans les circuits de commercialisation et de distribution des produits avicoles.

Quelles évaluations faites-vous aujourd’hui des contrats-programmes du secteur ainsi que de l’application de la loi N° 49-99 et son décret d’application ?
Le premier contrat-programme signé en avril 2008 entre le gouvernement et la Fédération Interprofessionnelle du Secteur Avicole (FISA), pour la période 2009-2013 a été marqué dans une grande mesure par la mise à niveau technique et sanitaire des unités avicoles. Pour ce qui est des objectifs quantitatifs du contrat-programme 2009-2013, ces derniers ont été atteints et même dépassés dès 2010 pour la filière viande de volaille et étaient très avancés pour la filière œufs de consommation.
Cette réalisation avant terme du premier contrat programme a conduit à la signature d’un deuxième contrat programme en avril 2011, pour la période 2011-2020 en vue de définir de nouveaux objectifs socio-économiques en phase avec les objectifs du Plan Maroc Vert en orientant les investissements vers la modernisation des unités d’élevages et de commercialisation des produits avicoles, au développement des modèles d’agrégation autour des abattoirs avicoles et des centres de conditionnement d’œufs de consommation et à la promotion de l’exportation des produits avicoles
L’ensemble de ces activités sont actuellement à un stade d’avancement conforme par rapport aux prévisions du contrat-programme.
Depuis la mise en œuvre de la loi 49/99 et ses textes d’application en avril 2007, une avancée importante dans la mise à niveau technique et sanitaire des élevages avicoles a été enregistrée. En effet depuis cette date, seules les fermes d’élevages répondant aux normes et dispositions réglementaires sont autorisées à exercer l’activité d’élevage avicole. Actuellement, plus de 8000 fermes d’élevage sont autorisées par les services de l’Office National de la Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires –ONSSA.
Cependant, l’effort enregistré en amont du secteur n’a pas été poursuivi au niveau de l’aval du secteur en ce qui concerne la commercialisation, l’abattage et la distribution des produits avicoles. Les abattoirs ne représentent que 10 % de l’abattage global du poulet de chair. En effet, le marché reste dominé par les tueries artisanales dites Ryachat. Je tiens à préciser qu’il existe un CPS pour la mise à niveau de ces tueries en unités d’abattage de proximité pour les particuliers et dont la réhabilitation ne coûterait que quelques milliers de dirhams par unité.
Les cageots en bois utilisés pour le transport des volailles, ne se prêtant pas au lavage et à la désinfection, ont été interdits par la loi 49-99 pour limiter la contamination entre les élevages avicoles. Ces cageots en bois devaient être remplacés par des cageots métalliques ou en plastique. A la date d’aujourd’hui, nous ne comprenons pas pourquoi cette disposition qui a été appliquée dans pratiquement toutes les villes du pays n’a pas pu être mise en œuvre à Casablanca et ce, malgré nos multiples interventions auprès des autorités concernées!

Apparemment, la grippe aviaire a eu des effets dévastateurs en occasionnant des pertes colossales chez certains opérateurs. Pourriez-vous nous fournir quelques données sur les impacts de ce virus ?
Suite à l’apparition pour la première fois au Maroc en fin janvier 2016 de l’Influenza Aviaire Faiblement Pathogène du sous-type H9N2, donc sans obligation de déclaration auprès de l’OMS, le secteur avicole a subi des dégâts considérables matérialisés par des mortalités plus au moins importantes au niveau des élevages de volailles, mais surtout par des chutes importantes du taux de ponte au niveau du cheptel reproducteur et des élevages de poules pondeuses.
La FISA et le ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime ont déployé des efforts considérables pour surmonter cette crise. Ainsi, l’impact de ce virus a été cerné d’une manière rapide et efficace suite à la réaction et l’intervention rapide de l’ONSSA qui, en étroite collaboration et concertation avec la FISA, a mis en place un plan de contrôle basé sur le renforcement des barrières sanitaires au niveau des élevages avicoles et sur une stratégie de vaccination des volailles.

En lien avec cette question et c’est un sujet de préoccupation pour le consommateur, cette tendance continue de la flambée des prix des viandes de volaille et des œufs. N’est-ce pas une situation anormale compte tenu de la fin d’un cycle mettant fin au virus de la grippe aviaire ? Quelles explications donnez-vous à cet état de fait ?
Il faut savoir que depuis quelques semaines et suite au redressement progressif de la production nationale du poulet de chair et d’œufs de consommation, les prix à la ferme ont enregistré des baisses importantes. En effet, le prix du poulet de chair qui avait dépassé les 20 Dh/kg vif à la ferme se négocie actuellement entre 14 et 15 DH. De même, pour l’œuf de consommation, les prix ont diminué de 1,30 DH/unité à la ferme à près de 1 DH. Le problème est que la baisse de prix à la ferme ne profite pas rapidement et entièrement au consommateur. En effet, le marché de la distribution reste dominé par le rôle actif des intermédiaires qui ne répercutent pas forcément les baisses de prix enregistrées à la ferme.

Quelles actions de communication entreprend votre Fédération pour la promotion de la consommation des viandes de volaille ?
Pour la promotion de la consommation des produits avicoles, la FISA mène régulièrement des campagnes médiatiques de communication au profit du grand public. Je pense que tout le monde garde en mémoire la journée de dégustation organisée le 09 Avril 2016 et qui a connu le soutien des ministres Akhannouch et Louardi, de personnalités du monde sportif, acteurs, …..
Pour ce faire, la FISA établit des conventions de partenariats avec des professionnels culinaires de renom tels que Choumicha et Chef El Hadi, ainsi qu’avec des nutritionnistes. Ces partenariats ont pour objectifs d’élaborer des supports de communication pour la promotion de la consommation des produits avicoles qui sont utilisés pour la production de messages radios, spots TV, flyers, guides culinaires, dépliants,…
Ces actions nécessiteront la mobilisation d’un financement d’un montant de 4 millions de dirhams par an.

 
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