L’Egypte sous pression
Les USA jouent à découvert sur la position égyptienne. John Kerry a déclaré que l’armée était intervenue pour rétablir la démocratie. Le sénateur républicain et candidat malheureux à la présidence McCain à lui déclaré « ceux qui gouvernent ne sont pas élus et ceux qui sont élus sont en prison, c’est donc un coup d’Etat. »
Or McCain à été envoyé par Obama en Egypte. Il faut donc évaluer autrement la divergence entre républicains et démocrates.
Sissi dans un entretien accordé au « Washington Post » s’attaque aux USA. Il se sent lâché. Mais en même temps la pression est trop forte. Au point qu’il a fait marche arrière sur l’utilisation de la violence pour disperser les pro-Morsi. Le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’une telle éventualité était exclue.
L’objectif des diplomaties occidentales est maintenant clarifié : ils veulent un accord politique entre les frères musulmans et l’armée. Ce n’est pas une question de principes mais de realpolitik. Ils ont constaté comme tout le monde que les islamistes étaient représentatifs, qu’ils sont bien organisés, ont les financements nécessaires et sont très déterminés. L’armée pensait que cette résistance l’effriterait rapidement et que les frères musulmans finiraient par accepter le fait accompli. Il n’en est rien. Les occidentaux à travers Catherine Ashton et les diplomates américains pressent Sissi d’en tenir compte.
La visite du ministre des Affaires étrangères qatari au Caire est à mettre dans ce contexte. Depuis le coup d’Etat, Doha n’était pas en odeur de sainteté chez les nouveaux maîtres du Caire. Sauf que pour faciliter les négociations avec les frères musulmans, l’intermédiation de leur sponsor est un atout. Et il a déjà annoncé la couleur. Alors que le Qatar avait dénoncé le coup de Sissi, Doha plaide désormais pour une « issue politique où chaque partie ferait des concessions ».
Plusieurs plans sont présentés. Des élections législatives puis présidentielles sont prévues dans tous ces plans. Reste l’os, la question de la légitimité. Selon des spécialistes de la région, on s’acheminerait vers une délégation des pouvoirs de Morsi à une personnalité indépendante qui dirigerait un gouvernement de coalition, d’où Sissi serait exclu. Cette proposition a été émise par un parti égyptien dès les premiers jours de la crise et refusée par les frères musulmans. Maintenant elle a le soutien des occidentaux et du Qatar. La coalition anti-Morsi est fissurée. Les jeunes ne montrent pas une confiance aveugle vis-à-vis de l’armée. Celle-ci a toujours la possibilité d’un passage en force. Mais peut-elle le faire en défiant à la fois une partie du peuple et les puissances occidentales ?
P.S. : Un petit sourire pour l’Aïd. La palme revient à un internaute qui a twitté « un autre Daniel’s sera gracié bientôt, il s’agit de Jack ». Jack Daniel’s étant une marque de Whisky.