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Lekjaa, blessé, mais pas abattu

On nous dit que l’homme est sensible et que les critiques lui font mal. C’est plutôt difficile pour un homme appelé à s’exposer au jugement public et qui, ces derniers jours, en aura entendu des vertes et des pas mûres.

Pourtant, Fouzi Lekjaa, c’est de lui qu’il s’agit, aurait dû être prévenu. Tous ceux qui, un jour, se sont mis en tête de diriger le football marocain en sont sortis meurtris, ou pour le moins déçus. C’est que notre football n’est pas « gouvernable », car il n’obéit à aucune règle juridique, ni réglementation légale ; quant aux lois locales ou nationales, il sait s’en accommoder. Bien souvent, l’État même passe l’éponge, comme il l’a fait jusque là, pour les impôts, les contrats, les assemblées générales et même la sécurité dans les stades. Ce que se permet le public au football, au nom du supportérisme n’est admis dans aucun autre domaine de la société.

Et puis, le comble du comble et le pire du pire, c’est ce football sans statut véritable qui se rêve professionnel mais qui se complaît dans l’amateurisme. Or, si Lekjaa, candidat enthousiaste à la présidence de la FRMF, a oublié le sort réservé à ses prédécesseurs dans le poste de président c’est que, bien qu’issu du sérail footballistique (il a une très longue expérience avec le club de Berkane),  ce même enthousiasme, lui a fait penser qu’il allait déplacer des montagnes. 

Doux rêve et fol espoir

Or, s’il s’est permis d’avoir de l’ambition et des rêves, il ne faut pas oublier les zélateurs et les flatteurs qui vous promettent monts et merveilles avant de vous abandonner au premier coup dur. Aujourd’hui en cet automne 2019, Lekjaa rumine ses illusions perdues. Et les « amis » d’hier lui reprochent tout et n’importe quoi. C’est un Lekjaa amer qui, cette semaine, au comité exécutif de la FRMF a déclaré : « Je cherche à comprendre, mais je ne comprends rien aux problèmes de certains clubs ». Il cite, entre autres, le CODM qui se perd dans une guerre bizarre, inutile et déplaisante.

Tout est-il donc perdu ? Non, car Lekjaa peut rebondir : la FIFA d’Infantino et « sa » CAF où il a gardé son autorité, ont besoin de son expertise. Il fait partie de la commission des grands sages, réunie autour d’Infantino pour réfléchir aux solutions futures.

Alors si nul n’est prophète en son pays, d’autres horizons s’ouvrent pour se ressourcer et se refaire un moral.

Et puis, le bon Fouzi a un petit avantage. Il aime, vraiment, le football. Alors quand on aime on s’arc-boute et on continue jusqu’à ce que le soleil se remette à briller sur nos terrains… fermés, et sur nos clubs, endettés quoique riches et sur ce football qui a tout pour décoller et qui ne décolle pas.

Un jour, peut-être, les contradictions s’estomperont, et les mentalités changeront. 

D’ici là, il faut à Lekjaa de continuer à tenir la barre. Même si c’est de plus en plus difficile  

Un jour peut-être…

L’espoir fait vivre.

 
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