A en juger par le comportement du secteur industriel, l’économie continue à bien se porter. C’est ce qui ressort une nouvelle fois de l’enquête de conjoncture dans l’industrie réalisée mensuellement par Bank Al Maghrib. Mais les branches évoluent différemment, avec trois d’entre elles qui continuent à connaître une augmentation de leur production.

«Les résultats de l’enquête de conjoncture du mois de mai font ressortir une amélioration de l’activité par rapport au mois précédent», affirment les experts de la Banque centrale dans l’enquête consacrée au mois de mai 2014. Néanmoins, les ventes stagnent aussi bien sur le marché local qu’à l’étranger, ce qui pourrait donner lieu  à un phénomène de stockage au niveau industriel. De même, d’après les chefs d’entreprise qui ont répondu à l’enquête, les commandes sont en recul. Il s’agit d’un phénomène qui semble paradoxal, où l’amélioration de l’activité ne correspond ni à une amélioration des ventes ni à une hausse des commandes. Cela laisse penser qu’on pourrait connaître un changement de tendance. D’ailleurs, le taux d’utilisation des capacités (TUC) de production est en légère baisse et s’établit à 70%.
Concernant la hausse de l’activité du secteur industriel, elle «reflète l’amélioration de celle des branches agro-alimentaire, chimie-parachimie et électrique-électronique. Et concernant la branche agroalimentaire, la tendance observée depuis le mois de mars se poursuit, marquée par une reprise de l’activité. Ainsi, le taux d’utilisation des capacités de production atteint 74% et les ventes sont en hausse d’après les chefs d’entreprises interrogés. Ils sont 54% des industriels de l’agroalimentaire à estimer que leurs ventes progressent, et 27% annoncent une stagnation. Dans la précédente enquête, 42% des chefs d’entreprises estimaient qu’il  y avait une baisse de leur activité contre 36% qui évoquaient la hausse. Néanmoins, on assiste à une stagnation des commandes reçues, comme l’affirment 54% des industriels. Mais, il n’y a pas de raison de s’inquiéter puisque les trois quarts des chefs d’entreprises de l’agroalimentaire estiment normale la situation. Seuls 23% jugent que les commandes sont inférieures à la normale. Néanmoins, les carnets de commande se vident d’après la majorité des industriels de l’agroalimentaire.  «Pour les trois prochains mois, seuls 37% des industriels s’attendent à une hausse de la production alors que 55% pensent qu’on s’achemine vers une stagnation», estiment les auteurs de l’enquête. De même, pour ce qui est des ventes, «ils sont 40% à anticiper une hausse et 51% une stagnation».
A côté de l’agroalimentaire, la branche électrique-électronique continue de battre tous les records, signe de la bonne santé de ce secteur lié à la sous-traitance automobile. En effet, le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) atteint quelque 83% en mai 2014, s’améliorant de 3 points par rapport à avril 2014. Et 36% des chefs d’entreprises estiment qu’il y a une hausse de la production alors qu’ils sont encore 44% à estimer que la production est restée élevée, au même niveau que le mois précédent. Concernant les ventes, ceux qui estiment qu’il y a une hausse sont également de 36% alors que 48% parlent d’une activité en stagnation. Cette bonne tenue se reflète fortement sur les exportations. Quand on interroge les chefs d’entreprise, ils estiment à 44% que les ventes à l’extérieur du Maroc continuent de progresser. Et 40% annoncent une activité comparable à celle d’avril, ce qui permet d’avoir un total de 84% de réponses favorables. Et concernant les commandes également, on a la même proportion de chefs d’entreprise qui affirment qu’il y a une hausse que pour la production, soit 36% des industriels.
Le dernier secteur qui connaît une nette amélioration de son activité est celui de la chimie-parachimie. En effet, ils sont un cumul de 84% qui estiment que l’activité est au moins égale à celle du mois précédent, dont 38% qui parlent même d’amélioration. Cela permet de porter le taux d’utilisation des capacités de production autour de 69%. Mais d’après les experts de la Banque centrale «l’amélioration de l’activité reflète celle de la sous-branche industrie chimique, l’activité dans la cokéfaction et le raffinage étant restée inchangée d’un mois à l’autre». Néanmoins, c’est dans ce secteur que le phénomène de stockage s’est le plus accentué, puisque 43% des chefs d’entreprise parlent plutôt d’une baisse et 43% d’une stagnation.
Mais tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Puisque, la production aurait connu un repli dans les industries textile-cuir et mécanique-métallurgie. Comparée au mois précédent, dans le textile-cuir «la production aurait baissé selon 37% des industriels et stagné selon 41%. Dans ces conditions, le taux d’utilisation des capacités serait revenu de 70% à 66% d’un mois à l’autre», soulignent les auteurs de l’enquête. Mais bonne nouvelle pour les textiliens, «les commandes reçues en mai se seraient, quant à elles, améliorées par rapport au mois précédent», même si le niveau «des carnets de commandes provenant du marché local et étranger serait resté inférieur à la normale».
Enfin, la branche mécanique-métallurgie, c’est là où les chefs d’entreprise parlent le plus de baisse. En effet, ils sont près de la moitié qui l’affirment, soit 47% plus exactement. Même si 34% estiment tout à fait le contraire, en on peut deviner que la production n’est pas à son top niveau. D’ailleurs, on assiste à une baisse du taux d’utilisation des capacités de production.