L’endettement de l’état inquiète
En pourcentage, la dette représente 58% du PIB. Toutes ses composantes augmentent (interne et externe). La Direction du Trésor et des Financements Extérieurs (DTFE) explique la situation.
Les dernières levées de fonds du Trésor, très importantes, inquiètent. Comment se fait il qu’après avoir réussi, il y a quelques semaines à peine à emprunter l’international 1,5 milliard de dollars, le Trésor continue encore, et de manière plus agressive, à chercher à se financer Du côté de la Direction du Trésor et des Financements Extérieurs (DTFE) du ministère des Finances, on tient d’abord à préciser que les besoins de financement du Trésor sont toujours importants en fin et en début d’année, étant donné le rythme des dépenses qui s’accélèrent généralement en fin d’année. Les charges qui découlent de la compensation en seraient pour beaucoup «Cette mobilisation était alors insuffisante devant l’importance des besoins. Sa non mobilisation aurait eu un impact encore plus néfaste sur les conditions de financement sur le marché intérieur », explique-t-on auprès de ladite direction. L’autre interrogation concerne l’évolution des taux d’intérêt sur le marché interne. Le trend est haussier, alors que l’offre des investisseurs a nettement baissé, à 43,3 milliards de dirhams, soit de presque la moitié, durant le dernier trimestre 2012 comparativement à la même période de l’an passé. « Le Trésor ne cherche pas à augmenter les taux d’intérêt dont la détermination découle de la loi de l’offre et la demande. Dans sa quête de réduire le coût d’endettement de l’Etat, il cherche, pour un niveau de déficit budgétaire donné, à diversifier ses sources de financement ».
La salle des marchés sera lancée cette année
Ces sources-là, il les trouve sur le marché interne, auprès des bailleurs de fonds étrangers bilatéraux et multilatéraux et sur le marché financier international. Au niveau interne, à fin 2012, le stock de la dette du Trésor s’est élevé à 377 milliards de dirhams sur une dette globale de 492,5 milliards de dirhams.
Il gonfle, mettant encore plus de pression sur le marché. Comment la DTFE compte-t-elle alors agir pour le faire baisser ? Selon ses responsables, depuis la fin des années 1990, des réformes ont été entreprises : création d’un marché des valeurs du Trésor, abandon des financements administrés, diversification des instruments de dette, élargissement de la base des investisseurs, création d’un marché secondaire… Mais tout cela n’a pas encore suffisant . La DTFE devra fournir encore plus d’efforts. C’est dans cette optique qu’elle envisage de poursuivre les réformes en procédant, entre autres, à la réorganisation interne du Trésor pour améliorer l’efficacité de la gestion de la dette du Trésor et optimiser les moyens disponibles pour sa mise en oeuvre. « Ces mesures seront annoncées en temps opportun ». Concernant le volet organisationnel, l’aménagement de la salle des marchés a été achevé et son inauguration se fera au courant de cette année.
L’Espagne et l’Italie convertissent toujours la dette en investissement
La dette extérieure publique (212.5 milliards DH) composée de 54% de la dette extérieure du Trésor et de 44% de la dette extérieure des Etablissements et Entreprises Publiques, est en train d’augmenter aussi. Cela revient à la politique que la DTFE entreprend ces dernières années pour réorienter la stratégie de financement de l’Etat. Alors qu’au cours des années 1990 et 2000, le ministère des Finances s’était fixé l’objectif prioritaire de la réduire.
Ces efforts sont ils vains ? «Absolument pas», nous répond-on à la DTFE, « la gestion active est toujours considérée comme une stratégie payante car elle a permis une réduction du stock de la dette extérieure, une amélioration de son profil ayant servi à réduire son exposition aux risques financiers ainsi qu’une amélioration de son coût». Cette gestion a pris en fait une nouvelle tournure prenant la forme de swaps de taux et/ou de devises (opération financière dans laquelle deux contreparties contractent chacune imultanément un prêt et un emprunt dans une même devise, pour un même montant, pendant une même durée mais sur des références de taux différentes) pour améliorer le profil et rester en ligne avec la structure du portefeuille de référence.
Et où en est la conversion des dettes en investissements qui avait pendant un moment bien fonctionné ? Selon la DTFE, ces opérations sont toujours d’usage, notamment avec des pays comme l’Espagne et l’Italie. Mais les montants resteraient relativement modestes, le potentiel ayant été pratiquement entièrement converti. Finalement, pour la DTFE, « le niveau de la dette extérieure reste maîtrisé et que ses indicateurs témoignent de sa soutenabilité et de la marge de manoeuvre qu’elle offre encore pour la mobilisation des fonds extérieurs », tiennent à rassurer les responsables de la DTFE. Mais malgré tout, notre pays vit quand même une situation encore tendue : les réserves de change s’écroulent, la liquidité bancaire se raidie, les charges publiques augmentent (compensation…), les déficits budgétaire et commercial se creusent… Les besoins de financement ne feront qu’augmenter. ■