Les Etats-Unis cherchent «Business» à faire au Maroc
Une délégation américaine composée de 10 sociétés explore les opportunités d’investissement dans les énergies renouvelables que recèle le Royaume. Un Roadshow qui s’est arrêté à Casablanca et Rabat avant de s’envoler vers la Jordanie et l’Egypte. par Ghizlaine BADRI
Les Etats Unis dévoilent leurs ambitions au Maroc. Pas moins de 60 rencontres B2B ont été programmées avec la MASEN ( Moroccan Agency for Solar Energy), l’ONEE, la CGEM, ainsi que les ministères concernés afin de sonder le marché marocain sur les questions liées aux énergies renouvelables. «Nous avons une vision claire du Maroc sur son plan solaire qui s’est fixé comme objectif d’atteindre 42% d’énergie solaire à l’horizon 2020. Sur le plan hydraulique, le Maroc a presque atteint ses objectifs de 2000 mégawatt (MW), l’éolien est à 500 mégawatt (MW), quant au solaire, des opportunités sont encore à saisir» a déclaré Kenneth Hyatt, sous secrétaire adjoint chargé du commerce international. Le Maroc est le seul pays africain à avoir signé des accords de libre-échange avec les USA en 2006 qui, malgré une croissance des échanges bilatéraux de 20% faisant des USA le troisième partenaire commercial du Royaume, il n’en demeure pas moins que la balance commerciale entre les deux pays a du mal à trouver son équilibre. Un déficit lié essentiellement à l’importation des hydrocarbures «L’accord de libre-échange a été couronné de succès, les échanges entre nos pays ont triplé, les exportations du Maroc envers les USA ont doublé. Il est essentiel de souligner que la plus grosse partie du déficit commercial qui est à hauteur de 1,5 milliard de dollars, est due au 1, 2 milliard de dollars fourni par l’exportation des hydrocarbures», a souligné Kenneth Hyatt pour minimiser l’ampleur du déficit. Après une rencontre au Texas à Dallas il y a deux mois, entre le responsable américain et son homologue marocain Mamoun Bouhdoud, ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, une entrevue prévue en mars prochain prouve l’engouement des Etats Unis par l’offre marocaine. Les deux parties s’accordent à dire que l’accélération industrielle est un élément fondamental, celle-ci passe par la promotion des investissements dans les énergies renouvelables, secteur qui représente de réelles opportunités d’avenir. «Nous invitons les entreprises américaines à s’inscrire dans notre plan de développement stratégique et bénéficier de l’écosystème favorable en tous points. Nous avons deux axes importants à prendre en compte, les investissements et la balance commerciale. Il est essentiel de promouvoir l’offre marocaine aux Etats-Unis, qui nécessite une étude approfondie de ce pays qu’il faut aborder Etat par Etat», a argué Bouhdhoud.
Si l’enthousiasme des entrepreneurs américains se porte sur le Maroc, et particulièrement pour le secteur de l’énergie solaire, celui-ci s’explique tout d’abord par une vision claire et précise que comporte le plan d’accélération industrielle 2014-2020, offrant un énorme gisement de croissance encore inexploité. Ce terrain fertile séduirait les investisseurs américains qui y verraient une véritable plateforme de croissance économique, a fortiori dans la région qui représente un réel hub stratégique entre l’Europe et l’Afrique. Néanmoins, les chiffres des exportations marocaines envers les USA font toujours grise mine, et se fixent à seulement 900 Millions de dollars sur les 4,3 milliards de volume d’échange réalisé entre les deux pays en 2013. Mais les deux pays restent tout de même positifs, quant aux investissements et aux échanges bilatéraux qui ont triplé, passant de 150 millions de dollars en 2005 à 600 millions de dollars à l’heure actuelle. Une croissance imputable aux accords de libre-échange et qui lance un signal fort aux entreprises américaines précisant qu’il y a un «Doing Business» à faire et un environnement propice aux affaires au Maroc. Cela étant dit, les producteurs marocains n’arrivent toujours pas à percer le marché américain trop dense et disparate, raison pour laquelle « Les Etats Unis ont compris qu’il ne peut y avoir d’investissement dans une région sans étude préalable des marges de développement et de maitrise des coûts et des risques. Il est nécessaire de constituer de véritables liens logistiques entre les différents états US. Parallèlement, le Maroc ne doit pas aborder les USA comme un tout homogène, baliser le terrain, drainer les IDE. Proposer des offres adéquates selon les secteurs porteurs et la zone géographique sont autant de facteurs à prendre en considération» a conclu le Ministre Délégué au Commerce et l’Industrie.