Economie

Les grandes réformes… c’est pour quand ?

Le dossier de la retraite est urgent : le système est à bout de souffle.

Nous avons consacré un dossier à la retraite. Nous l’avons intitulé « Inaction criminelle ». Les responsables ne cessent de prononcer des discours sur leur ferme volonté de réformer avant que le volcan des faillites des différents systèmes de retraite ne relâche sa lave. Nous avons expliqué, chiffres à l’appui, que les premiers déficits vont faire leur apparition et que l’épuisement des réserves est une perspective sûre. L’absence de mesures urgentes dans ce domaine a commencé à faire peur aux retraités actuels et à ceux qui les rejoindront durant les prochaines années. Imaginons pour un moment que nous sommes en 2021. Des milliers de retraités seraient plongés dans l’indigence et rempliraient les rues à la recherche d’une solution à leur situation précaire. Les banques ne seraient plus que de simples agences vides, le marché financier ne serait plus en mesure de financer les besoins de l’économie et la rue serait remplie de manifestants sexagénaires et septuagénaires. Les responsables de cette époque diraient que la faute incombe à ceux qui n’ont pas pris les décisions de réforme lorsque c’était encore possible.

L’urgence soulignée par le gouverneur de Bank Al Maghrib

Le 17 juillet dernier le gouverneur de Bank Al Maghrib a insisté, lors de la présentation du rapport annuel de son institution à S M le Roi, sur l’urgence de la mise en œuvre des réformes. Au sujet de la retraite, le gouverneur a insisté sur la réforme de ses systèmes «dont l’équilibre financier ne cesse de se détériorer sous l’effet de la transition démographique, alors que leur couverture reste encore à des niveaux faibles ».

Loin de nous toute tendance de semer la panique ou encourager les pessimistes. L’objectif est de démontrer que les priorités qui remplissent la scène politique sont loin de s’inscrire dans un comportement responsable. Les financiers et les hommes politiques dans beaucoup de pays ont opté depuis longtemps pour les voies de la réforme. Les mutations structurelles des sociétés et l’ampleur des défis économiques ont presque fait disparaitre les frontières idéologiques . L’exemple de la France et de beaucoup de pays de l’Europe montrent que socialistes et libéraux travaillent devant le même tableau de bord. La complexité des régimes de retraite et l’évolution des paramètres socio économiques sont prises au sérieux et ont donné lieu à des mesures de réformes successives. Les retraites sont malades et nécessitent un régime progressif pour les rétablir.

Pour un minimum de responsabilité

Chez nous on fait la fête de la constatation de l’unanimité autour du diagnostic et on sombre dans l’attentisme lorsqu’il s’agit de mettre en place un plan de réforme. Plus d’une vingtaine d’années sont passées depuis que les premières sonnettes d’alarme ont été déclenchées. Le Bureau international du Travail, La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire international ont appelé à des initiatives pour rétablir les équilibres financiers des régimes de retraite. La concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux ont le temps, beaucoup de temps pour avancer dans la constatation du danger que représente la situation actuelle et semble se plaire dans le jeu des réunions interminables de la commission technique.

Il est temps de bouger

Le gouvernement a cessé de communiquer sur ce dossier depuis la dernière réunion de la Commission nationale en janvier dernier. Depuis, les grands dossiers de réforme sont relégués au rang de sujets qui réapparaissent lors des polémiques et discussions emprunts de nervosité sur les plateaux de télévision ou dans l’enceinte du Parlement lors des habituelles montées de fièvre que les Marocains ont rangé dans la case du jeu politicien de leurs acteurs.

Et pendant ce temps là, le spectacle continue et les réformes attendent dans les antichambres. Toute la dynamique est utilisée pour meubler la crise du ramadan politique. Les réserves s’amenuisent, les dettes implicites augmentent, les taux de couverture s’enfoncent dans le rouge et les premiers déficits apparaissent au niveau du régime des pensions civiles.
Les craintes s’amplifient devant le manque d’action. Demain, les discours ne serviront à rien car la parole n’est crédible que lorsqu’elle vient après une action crédible.

 
Article précédent

San José Lopez se donne les moyens de ses ambitions

Article suivant

Une loi choquante