Les investigations sur les projets de la CGI s’intensifient
Immobilier. Après la colère Royale à Al Hoceima, plusieurs audits sur les projets initiés par la CGI ont été lancés. par Driss Al andaloussi
La CGI continue de faire partie des questions qui intéressent l’actualité. Cette institution rattachée à la CDG par un lien de filialisation a été invitée à la scène du traitement journalistique depuis bientôt un mois. Des enquêtes et des audits sont en cours et des équipes d’inspecteurs des finances et même de juges des comptes sont déployés sur le terrain pour apporter le maximum de lumière « professionnelle » sur une gestion de projets, dont certains ont apparemment présenté des défauts de construction. Les défaillances relevées touchent la qualité et la fiabilité des logements livrés aux acquéreurs et notamment à certains marocains résidents à l’étranger. La mobilisation des corps supérieurs de contrôle dans ce dossier est révélatrice de l’intérêt apporté par les autorités à cette question. La CGI a toujours été considérée comme un aménageur,promoteur et maitre d’ouvrage délégué s’inscrivant dans la culture de la qualité. Ses produits immobiliers ont toujours suscité un grand intérêt auprès de la classe moyenne. Pouvoir bénéficier d’un logement CGI poussait beaucoup d’acquéreurs à faire des nuits blanches devant les bureaux de cette société pour pouvoir accéder au ticket de réservation d’un logement avant le déclenchement de la crise de l’immobilier.
L’affaire déclenchée par les défauts de construction à El Hoceima est révélatrice de l’impact de la requête citoyenne auprès des hautes autorités de notre pays. Beaucoup de promoteurs doivent, désormais, s’attendre à une vigilance accrue des autorités dans le domaine de la protection des consommateurs de logements. Les acquéreurs de logements sociaux ont souvent exprimé leur désarroi devant les manquements aux règles de la qualité et leur impuissance devant les grands groupes immobiliers. Les associations de consommateurs commencent à bouger pour constituer un mouvement anti-fraude en matière de conformité aux normes techniques et de respect des engagements des promoteurs.
L’affaire de cet été ne doit surtout pas nous pousser à oublier l’importance des enjeux que soulève la promotion immobilière. L’Etat a affecté beaucoup de ressources pour permettre aux citoyens d’accéder à un logement répondant aux normes et aux capacités financières des familles modestes ou moyennes. La dépense fiscale et les réserves foncières ont souvent été utilisées pour répondre à un besoin réel en logements. Les détournements de l’affectation des terrains publics ont souvent fait l’objet de dénonciations et ont, par ailleurs, permis à des rentiers d’exploiter les biens publics à des fins commerciales. Le gouvernement est appelé à user de tous les pouvoirs dont il dispose pour suivre l’utilisation des moyens qu’il met à la disposition des promoteurs pour réaliser les objectifs de sa politique.
Les attentes sont grandes dans ce domaine. L’affaire de l’effondrement des immeubles du quartier Bourgogne à Casablanca, l’ampleur du phénomène des habitations menaçant ruine et les manquements de certains promoteurs aux normes techniques doivent constituer un facteur de révision de la politique de suivi des projets dans le secteur de l’immobilier. La mobilisation des corps supérieurs de contrôle doit se limiter aux domaines qui sont les leurs et qui ont un lien exclusif avec l’utilisation des deniers publics. La protection des consommateurs est du ressort du ministère de l’Habitat et services communaux chargés de contrôler la conformité technique avant la délivrance des autorisations. Ce dossier recevra un traitement plus profond dans nos prochains numéros.