Les jeunes jeûnent en orthographe
Si dans les livres anciens, certains mots, paraissent vieillots, peu communs et sont hors d’usage de nos jours, c’est parce que la langue française change.
En 1990, l’Académie Française avait proposé une grande révision de la langue française. Et une orthographe révisée est la référence en France depuis 2008, selon un bulletin officiel. Si les éditeurs des manuels scolaires ne l’avaient pas tous encore prise en compte, ce sera le cas dès la rentrée prochaine. Ils s’aligneront tous, entraînant un nouveau changement dans l’orthographe.
Le web, d’ailleurs, s’emballe, les internautes réagissent en masse. Les férus d’orthographe y voient une aberration. Car oignon s’écrit désormais « Ognon ». Nénuphar s’écrit « nénufar ». L’accent circonflexe est menacé. Les traits d’union disparaîtront. Certains mettent en lumière des ambiguïtés que ces changements d’orthographe provoqueraient. Moqueries s’enchaînent. Si vous n’étiez pas sur la lune ces dernières 24H, vous avez à coup sûr appris cette nouvelle. Mais tout de même, rassurez-vous l’orthographe, jusqu’ici de mise, est toujours valable.
Ce changement n’est pas fortuit. Citons Molière qui écrivit dans sa pièce « Le Bourgeois gentilhomme », éditée en 1680 :
«MADAME JOURDAIN.- Ah mon Dieu, miséricorde ! Qu’est-ce que c’est donc que cela ? Quelle figure ! Est-ce un momon que vous allez porter; et est-il temps d’aller en masque ? Parlez donc, qu’est-ce que c’est que ceci ? Qui vous a fagoté comme cela ?
MONSIEUR JOURDAIN.- Voyez l’impertinente, de parler de la sorte à un Mamamouchi !»
Il faut dire que la langue de Molière évolue au fil du temps. Des termes s’en vont, d’autres s’en viennent et l’orthographe en prend un coup. Ou pas d’ailleurs, ce qui est commun à notre génération semblera désuet à la suivante.
Les éditeurs des manuels scolaires donneront du sang neuf aux ouvrages, une nouvelle orthographe verra le jour. L’orthographe telle que nous la connaissons survivra, mais dans des ouvrages qui paraîtront vieillots aux yeux des prochaines générations.