Les Marocains continuent de consommer en 2013
Cette année, le HCP va actualiser ses données sur la consommation des ménages et leur comportement en lançant une nouvelle enquête
2013 apportera son lot de nouvelles informations statistiques. Le Haut commissariat au Plan (HCP) est en train de finaliser le budget économique 2013. Ses conclusions devront, a priori, être dévoilées à la fin de ce mois de janvier. Aussi, de prépare-t-il cette année à lancer une nouvelle enquête sur la consommation de biens et services et des comportements et structures des ménages. Selon un conjoncturiste, les tendances ne devraient pas tant changer.
« Il ne devrait pas y avoir beaucoup de modifications en termes de structure de consommation et de comportement des ménages cette année. Ces derniers continueront de consommer. Les produits s’orientant néanmoins vers les services. Et cela, même si leurs revenus baissent. La consommation devra s’accroître de façon soutenue », explique-t-il. Il n’y a qu’à voir l’évolution des crédits à la consommation par exemple dont l’encours a évolué entre 2011 et 2012 (chiffre des neuf premiers mois de l’année 2012) de 5,2%. De fait l’épargne, elle, ne fluctue pas trop. Etonnant ? Ailleurs, comme aux Etats-Unis, en pleine crise économique, le taux d’épargne a significativement augmenté car les ménages reportaient leurs décisions d’achat.
Ce n’est pas le cas au Maroc. D’abord, « parce que le pays n’est pas en crise », soutient notre source. Ensuite, « si l’épargne nationale devra légèrement s’améliorer en 2013, cela sera lié à l’amélioration des revenus nationaux et des transferts extérieurs, notamment publics (partenariats avec le Conseil de Coopération des pays du Golfe…) ». Ajouter à cela le fait que les Marocains ne semblent pas encore dans l’optique de reporter leur décision d’achat, à moins d’un revirement radical de la situation. Selon le HCP d’ailleurs, la consommation nationale devrait s’accroître, mais moins rapidement que le PIB nominal. Ce qui permettra de dégager une stabilité du taux d’épargne intérieure à 20,3% du PIB cette année. Mais comme les revenus provenant de l’extérieur baisseraient, le taux d’épargne nationale se situerait à 26,3% du PIB.
Ces prévisions ont été réalisées en juin 2012, alors que le projet de la loi de Finances n’avait pas encore été ni élaboré, ni adopté. Ces données pourraient alors changer encore davantage si le gouvernement Benkirane prenait en 2013 des mesures comme la décompensation des prix de certains produits de base. Alors, le niveau de l’inflation augmenterait, et le pouvoir d’achat des ménages se détériorerait. A ce moment- là, la structure des dépenses des ménages pourrait à son tour être modifiée.
Les tendances ne devront pas trop changer
Mais en attendant d’en savoir un peu plus sur la manière dont consommeront les Marocains en 2013, revenons en arrière pour voir comment ils consommaient jusque-là. D’après le HCP, la période 2005-2010 a connu une hausse des dépenses des ménages (36,5%) supérieure à celle des revenus (29,0%), donnant lieu à une baisse de l’épargne des ménages. Les tendances observées entre 2001 et 2007 montrent que, quelle que soit la tranche d’âge du chef de ménage, les poids, dans le budget, des dépenses de première nécessité (primaires) reculent au profit des dépenses dites supérieures. Les postes de «l’alimentation et le logement» sont en recul au courant de cette période alors que ceux des «transport et communication, et « loisirs, enseignement et culture » sont en progression. Les dépenses diffèrent aussi d’une classe à une autre.
Le HCP rappelle à ce sujet que selon les comptes nationaux, la dépense moyenne en 2010 est de 13.719 DH par personne et par an. Elle est inférieure à la moyenne nationale de 53,7% parmi les classes modestes, de 31,7% parmi les classes moyennes inférieures et de 10,4% parmi les classes moyennes intermédiaires. « Seules les classes moyennes supérieures et les classes aisées ont une dépense par tête supérieure à la moyenne nationale, respectivement de 25,9% et 165,5%,». Les tendances, en 2013, ne devraient pas trop s’écarter des pratiques des années antérieures. Et, selon notre conjoncturiste, la consommation privée devrait s’améliorer cette année, compte tenu du dynamisme annoncé de l’activité économique et les scénarii basés sur la bonne campagne agricole. «L’Etat n’a pas non plus instauré de mesures d’austérité en 2013 et continue pour l’instant de soutenir le pouvoir d’achat. La demande des ménages va encore profiter des mesures de la loi de Finances qui ne sont pas restrictives», se réjouit la source.
Certaines pourtant, dans divers secteurs, le sont pour leurs professionnels. Bref, le Fonds Monétaire International (FMI) vient de publier une prévision de croissance de 5,5% du PIB marocain. Le gouvernement table sur 4,7%. Une performance qui serait saluée comparativement aux prévisions de croissance de certains pays, même les plus développés. Encore faut-il y arriver ! Les indicateurs macro-économiques sont plombés par les déficits budgétaire et commercial, l’endettement qui reprend de plus belle… Rien n’est encore gagné d’avance. ■