L'édito

Edito:Les mauvais démons

A

près l’avoir nié, puis minimisé,
l’Exécutif reconnaît enfin la
gravité d’une crise qui germe
depuis 2009. Il le fait dans un concert
ridicule de déchirements sur le ton de
ce n’est pas moi, c’est l’autre. Comme
d’habitude, les propositions populistes
fusent. Ce qui inquiète le patronat,
ce sont des formules du genre «il
n’y a qu’à lutter contre l’évasion et la
fraude fiscale». Immanquablement,
cela renvoie à l’idée d’une nouvelle et
funeste campagne d’assainissement
qui ne dirait pas son nom. Ailleurs,
le discours anti riches est celui d’une
minorité de la gauche extrême, chez
nous, ce sont les représentants des partis
au gouvernement qui le développent.
Il y a un grand danger dans ce discours
de la stigmatisation, celui de freiner
l’investissement, déjà mis à mal par les
effets objectifs de la crise. Parce que s’il
faut rétablir les finances publiques, seule
la relance pourra, durablement, donner à
l’Etat les moyens de ses fonctions. Or, elle
passe nécessairement par l’entreprise que
l’on stigmatise.

 

P

lusieurs rapports internationaux
fort crédibles, font état de dépôts
des nationaux à l’étranger
avoisinant les 40 milliards de dollars. Ce
n’est pas la peine de rêver à une chasse
aux sorcières qui ramènerait ce pactole
au pays. Tout simplement, parce que le
Maroc n’en a pas les moyens. Seuls les
Etats-Unis ont pu imposer à toutes les
banques du monde de leur signaler tout
dépôt d’un citoyen américain dépassant
les 50.000 dollars. Même la France n’y est

 

 

 

 

pas arrivée, d’où la proposition de l’UMP
d’une amnistie permettant de récupérer
une partie des capitaux illégalement
sortis. Il ne faut pas pousser des cris
d’orfraie avant de réfléchir à l’utilité de
la mesure. Si une amnistie peut nous
permettre de voir rapatrier la moitié,
c’est-à-dire 20 milliards de dollars, cela
constituerait une véritable bouffée d’air.
Mais ce n’est possible que si cette amnistie
s’inscrit dans un climat de confiance, et
non pas dans celui décrit plus haut.

 

O

n y est, c’est fait. Les crédits
immobiliers aux particuliers,
ont dépassé le taux des 8 %,
et la hausse a peu de chances d’être
enrayée. Toutes les conditions étaient
réunies depuis longtemps. Des liquidités
bancaires en baisse, une sinistralité
en hausse, l’aggravation de la dette
intérieure et donc l’effet d’éviction. Le
Trésor devra fatalement se plier à la
nouvelle conjoncture et relever les taux
des adjudications hebdomadaires. Le
spectre des taux usuraires, que le pays a
connu il y a 20 ans (12 % hors taxe) est
dans tous les esprits et ce n’est pas une
impossibilité. Les tensions infl ationnistes
sont une réalité. Bank Al Maghrib a
épuisé toutes les possibilités pour peser
sur les taux, mais elle ne peut prendre le
risque de fragiliser le système bancaire.
Un conseil, si vous contractez un crédit
immobilier choisissez le taux fixe, la
perspective haussière étant la plus
probable. ■

 

 

 

 

 

 

 
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