Les opérateurs veulent une adaptation du contrat-programme aux réalités post-Covid
L’horizon est brumeux pour les opérateurs du secteur de la logistique & transport, à cause de l’impact de la pandémie du coronavirus. Un manque de visibilité qui risque de freiner drastiquement les investissements dans le secteur durant les prochains mois. Toutefois, les opérateurs misent sur les besoins d’externalisation logistique des entreprises, notamment des PME, et appellent aussi à revoir le contrat-programme logistique afin de l’adapter à la période post-Covid-19.
Lourdement impacté, le secteur de logistique & transport pourrait connaître un ralentissement important des investissements dans les mois à venir. Et pour cause, les opérateurs ne savent pas encore à quel saint se vouer. Ils sont tous unanimes sur un point : il n’y a pas de visibilité. Réunis dans le cadre d’un webinaire organisé par Logismed, les logisticiens et autres participants ont pu faire le bilan de l’impact de la pandémie du coronavirus sur le secteur et dresser les perspectives également. Placé sous le thème « Le secteur du transport et logistique face à la crise sanitaire : Opportunités et perspectives », cette e-rencontre a réuni plusieurs intervenants dont notamment, Mohamed Talal, PDG de la Voix Express et Vice-président de la CGEM, Rachid Tahri, PDG de STC Maroc, Jalal Benhayoun, DG de Portnet.SA, Abdelkebir Chajai, Directeur Opérateurs et chaînes logistiques de l’AMDL, ou encore Ali Berrada, Président de Logismed.
Lire aussi| Moncef Belkhayat injecte 72 MDH dans ses activités logistiques
Après avoir dressé le diagnostic de la situation de crise que vit le secteur actuellement à cause de la pandémie, les professionnels veulent néanmoins garder confiance en l’avenir, et lancent un appel : les entreprises doivent externaliser leur fonction logistique pour gagner en agilité. « L’externalisation logistique peut constituer une opportunité pour les entreprises pour pouvoir générer des économies considérables, car cela leur permet de réduire les investissements relatifs aux activités logistiques. L’externalisation permet aussi aux entreprises d’avoir une certaine flexibilité en transformant les coûts fixes en coûts variables », a soutenu Mohamed Talal, patron de la Voix Express et Vice-président de la CGEM. Pour les professionnels, il est important aujourd’hui de faire un diagnostic sectoriel pour déjà comprendre la situation qui prévaut et identifier ce qui pourra inciter les entreprises marocaines à externaliser leurs activités logistiques.
L’objectif de ce diagnostic est aussi d’identifier et corriger les préjugés de l’entreprise marocaine sur l’externalisation logistique. Soulignons que plusieurs actions ont d’ores et déjà été menées avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) dans les grandes régions du royaume sur les enjeux de l’externalisation. Il y a également le programme de mise à niveau logistique qui a été mis en place pour faciliter la tâche aux entreprises qui souhaitent mener des projets d’externalisation. Il faut savoir que le potentiel global de l’externalisation logistique au Maroc est estimé à plus de 3 milliards de DH, et celui de l’entreposage à plus de 450 millions de DH. « Le marché de l’externalisation est très porteur au Maroc », a fait remarquer Abdelkebir Chajai, Directeur Opérateurs et chaînes logistiques de l’AMDL, ajoutant qu’il y a un travail de recensement de l’immobilier logistique au Maroc qui est en cours avec l’Observatoire marocain de la compétitivité logistique (OMCL).
Lire aussi| Vols spéciaux : la chaîne LCI fulmine contre la RAM [vidéo]
« Certaines entreprises ont mis l’externalisation logistique dans leur plan de développement. Mais, ce n’est pas pour maintenant », a souligné Hicham Alami, Associé GCL Group. Selon lui, cette crise sanitaire a obligé certains opérateurs, du fait de leur contrat avec leurs fournisseurs et autres, à prendre conscience de l’importance de l’externalisation pour leur croissance à l’avenir. « Nous avons remarqué deux choses après le déconfinement. C’est que certaines entreprises qui avaient prévu d’externaliser leurs activités logistiques dans deux ans, sont revenues vers nous pour nous dire qu’il faut le faire maintenant et non plus dans deux ans. Mais, pour le moment, il s’agit d’une externalisation in situ. Le second point concerne les entreprises qui sont désormais convaincues du bien-fondé de l’externalisation, mais qui n’ont pas encore les moyens de s’engager sur cette voie à court terme », a-t-il précisé.
Cependant, même si aujourd’hui de plus en plus d’entreprises en sont convaincues, il n’en demeure pas moins qu’il y a d’autres aspects qui vont freiner la ruée vers l’externalisation logistique que souhaitent les professionnels de ce secteur. Les participants ont en effet mis en exergue l’absence d’un cadre juridique et fiscal pour ce type d’activité. Ils en appellent ainsi à l’Etat pour mettre en place des incitations fiscales. Les participants ont aussi appelé l’Etat à mettre les conditions nécessaires en place pour permettre aux investisseurs privés d’investir dans la logistique. « L’avantage de cette crise est qu’elle a mis à nu toute notre logistique nationale à tous les niveaux. Nous n’avons pas été capables de tracer les marchandises. Derb Omar a été fermé alors qu’il abrite des grossistes qui distribuent au niveau national, cela juste parce que ces grossistes ne disposent pas d’entrepôts aux normes. S’ils opéraient avec des entrepôts logistiques aux normes et tout ce qui va avec, ils auraient pu poursuivre leurs activités en cette période de crise. Donc, je pense que cette crise sanitaire montre qu’il est temps de revoir le contrat-programme logistique et aller vers un nouveau contrat-programme prenant en considération tout ce qui s’est passé ces derniers mois pour se projeter dans le futur », a estimé Mohamed Talal.