Les paroles tuent
En France la police a arrêté un jeune militaire de 23 ans qui projetait de tirer sur la foule des croyants, un jour de grande affluence le vendredi de l’après l’Aïd dans une mosquée proche de sa caserne. Proche des idées d’extrême droite, il avait déjà été interpellé pour avoir lancé un cocktail Molotov sur une autre mosquée mais remis en liberté surveillée quelques jours après.
Le pire a été évité mais la démocratie française est bien malade. Aux Merah, produit terroriste « made in France », répandent ce genre d’énergumènes qui s’attaquent aux mosquées ou aux carrés musulmans dans les cimetières. Les faits divers quand ils se multiplient cessent d’être des actes individuels et prennent une signification sociétale.
Il est clair que nous sommes face à deux extrémismes qui s’alimentent l’un l’autre. Un islamisme radical surfant sur les problèmes d’intégration réels mais non traités a pu s’installer en France. Il n’est aucunement importé mais produit par la société française. Depuis plus d’une décennie tout ce qui est abject est le fait soit de français d’origine étrangère mais nés élevés et non éduqués en France ou de français de souche convertis qui sont souvent les plus radicaux.
Par ailleurs, des gens souvent issus des mêmes milieux vivant la même déshérence sociale optent pour une islamophobie violente au nom de la défense de la France.
Les élites de l’hexagone sont largement responsables de cette menace sur la démocratie. Pour éviter toute posture de victimisation, commençons par la Gauche libertaire. Elle commet la grande erreur de la permissivité vis-à-vis de la laïcité. Pendant près d’un siècle, elle en faisait sa valeur cardinale luttant contre l’enseignement privé catholique, se soulevant contre la moindre immixtion de la religion dans l’espace public. Depuis plus de 20 ans, au nom de la composition d’une belle idée de la justice sociale, elle cède chaque jour sur ce principe. Les histoires de voile à l’école de menus spécifiques dans les cantines de refus de la mixité dans les piscines ou de refus de présence aux cours de l’éducation physique n’étaient que des symptômes. La République n’a pas été ferme sur ses devoirs. Mais c’est la permissivité face aux prêche de la haine et à l’Islam des prismes, non seulement toléré mais subventionné puisque les imams sont payés par la justice française, sans contrôle du contenu. En parlant de stigmatisation à chaque fois, la Gauche ne fait qu’aggraver les problèmes.
En face, on a choisi sa banalisation de l’islamophobie. La France en danger d’islamisation était le slogan du Front National. Il est repris par toute la Droite. La presse en acceptant de se faire l’écho de ces dérives a sa part de responsabilité.
Les élites française n’arrivant pas à dégager une ligne de conduite conforme aux principes de la République créent ainsi des conditions favorables au clivage meurtrier qui s’annonce. Le réveil passe l’acceptation d’une idée simple : l’Islam est une religion comme les autres, soluble en laïcité et il y a cinq millions de français musulmans qui restent français. Il ne sert à rien de rappeler à chaque fois l’origine de leurs parents comme s’il s’agissait d’exorciser un démon. Merah et le soldat terroriste sont tous les deux le produit d’une France en crise.