Les petits agriculteurs du Haouz se professionnalisent
Créé pour aider les petits producteurs agricoles à se développer sur les plans économique et social, un projet d’aide au développement a été mis en place dans le cadre du plan «Maroc Vert», dans la région du Haouz. Il commence à porter ses fruits.
Et c’est justement de fruits dont il est question pour cette région d’Ourtan n’Tamaltite puisque les deux activités principales de la population sont concentrées autour de l’arboriculture fruitière –principalement l’olivier- et de la culture des plantes aromatiques et médicinales, en particulier la verveine. Après un état des lieux qui a constaté les difficultés rencontrées par les petits producteurs et les contraintes majeures qui pénalisaient le développement de leurs activités –un manque d’informations et de formation sur la culture des vergers ou une mauvaise valorisation des productions sur le marché-, la Fondation Norsys, associée à l’Agence du Partenariat pour le Progrès/Millenium Challenge Corporation, a donc mis en place le projet «Ourtan n’Tamatilte» destiné à professionnaliser les petites exploitations fruitières et valoriser leur production. Au programme, des stages de formation, une aide au développement de filières de commercialisation et un accompagnement à la création de coopératives. Budget du projet : 1 336 380 DH, financé par la Fondation Norsys et l’APP. Et les résultats ne se sont pas fait attendre pour les exploitants des oliviers : alors que leurs revenus mensuels étaient en moyenne de 738 DH par mois et par producteur, ils ont grimpé à 1143 DH après la mise en place du projet, soit une augmentation d’environ 35% de leurs revenus, pour une superficie globale de 280 ha plantée de près de 5300 arbres, 5281 très précisément. Du côté des plantes aromatiques et médicinales, les surfaces d’exploitation ont quasi doublé, passant de 3 à 6 ha, avec une rentabilité accrue. A titre d’exemple, la verveine se vendait 30 DH le kilo, contre 40/50 aujourd’hui. «Plusieurs raisons sont à l’origine de cette différence de revenus non négligeable explique Tariq Zidi, le président de la Fondation Norsys. La « professionnalisation » a forcément induit des pratiques agricoles plus performantes dont l’impact améliore leurs revenus de 35 à 40%. Une professionnalisation passée par une analyse scientifique des sols, une formation technique, -sur la taille des oliviers, entre autres exemples, qui doit être très règlementée-, la mise en place de nouveaux systèmes de fertilisation et d’irrigation sans oublier l’apprentissage de méthodes agro écologiques, comme l’utilisation minimale de pesticides et les nouvelles solutions écologiques indispensables à la lutte des maladies des arbres». Si les producteurs ont acquis les notions de base pour mieux exploiter leurs terres sur le plan technique, ils ont également appris à mieux gérer leurs exploitations, avec la tenue de cahiers d’enregistrement qui leur indique dépenses et recettes ou montants de leurs investissements et résultats d’exploitation -qui sont passés pour l’ensemble de 531.360 à 823.000 DH en un an-, résultats immédiats concrets du projet, avec la prévision d’augmenter encore de 20% ces résultats pour 2013. Un effort a également été fourni pour une meilleure performance des stratégies de commercialisation, pratiquement inexistantes auparavant. Comme des visites de salons professionnels, d’usines de transformation des produits, d’unités spécialisées dans le traitement des plantes aromatiques et médicinales… Les exploitants ne se contentent plus de cultiver et vendre leurs produits au petit bonheur la chance, mais sont entrés dans une stratégie business très pro qui garantit désormais le développement durable et équitable de l’agriculture de leur région. Pour mettre en œuvre ce projet inédit au Maroc, la Fondation Norsys a fait appel à deux partenaires, l’Institut des Techniciens Spécialisés en Agriculture de Souihla Marrakech et le Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprise de Marrakech qui ont assuré l’ensemble des formations. «Il ne s’agissait pas de bouleverser l’économie traditionnelle paysanne pour la transformer en « agriculture marchande», conclut Tariq Zidi, mais l’enjeu primordial du projet était justement d’engager ce développement durable de l’agriculture locale tout en se montrant respectueux de ses atouts traditionnels. Les exploitants agricoles n’y ont pas été insensibles.» Fort de cette première expérience réussie, la Fondation Norsys envisage d’installer des projets similaires au Maroc. Un premier est sur le point d’aboutir à Asni, à quelques encablures de Marrakech, toujours dans la région du Haouz.