Bloom Consulting, qui s’intéresse aux déplacements des touristes dans les pays du monde à travers son classement des meilleures destinations touristiques, basé, entre autres, sur le nombre de recherches en ligne, le contenu numérique ainsi que la performance des médias sociaux, vient de placer le Maroc au 31 ème rang mondial.  Son Fondateur et P-DG de Bloom Consulting décortique la marque du tourisme Marocain.  Propos recueillis par Adama Sylla

Challenge : La 14ème édition du classement des meilleures destinations touristiques dans le monde, effectué par votre cabinet Bloom Consulting, en partenariat avec The Economist, CNN et Forbes, classe le Maroc à la 3ème position sur 37 pays évalués en région africaine. Qu’est-ce qui a fait que le Maroc n’arrive pas à améliorer sa position dans ce classement ?

José Filipe Torres : D’abord, la position occupée par le Maroc est un excellent indicateur d’une marque mondialement reconnue dans le secteur du tourisme.
La marque du tourisme Marocain se situe à la 31ème place mondiale, devant des destinations bien établies telles que le Brésil et la Nouvelle-Zélande. Cette Marque est 3ème en Afrique, un continent en pleine expansion, et aussi en 1ère position au Maghreb. Ces éléments sont très positifs pour la marque du tourisme Marocain.
Ensuite, le maintien de la 3ème position dans notre classement africain, peut s’expliquer par un facteur essentiel. La méthodologie employée à l’établissement de ce classement par Bloom Consulting utilise 4 variables: Economic Performance, Digital Demand©, Country Brand Strategy Rating, Online Performance. En plus d’être extrêmement improbable de présenter une croissance massive ou une diminution dans les 4 catégories, Bloom Consulting prend toujours en compte les résultats des années précédentes, afin d’éviter les améliorations « occasionnelles » ou les détériorations d’une marque pays.

Votre classement se base sur le nombre de recherches en ligne effectuées par les touristes sur une année, et la présence digitale des destinations sur les réseaux sociaux, dont Twitter, Facebook, Instagram et Google Plus. Pensez-vous que la destination Maroc est assez visible sur les réseaux sociaux?
Facebook est le seul canal officiel présenté sur le site web Vist Morocco. Quant à Twitter, celui-ci devient, de plus en plus, une plateforme importante pour les destinations tendances (le pouvoir du « hashtag»).  Les réseaux sociaux marocains, évalués dans la variable Country Brand Strategy Rating pénalisent le Maroc dans ce classement.  Le Maroc se situe derrière des concurrents directs, comme la Tunisie. Cependant, le Maroc a toujours une meilleure performance que la Libye et l’Algérie. De plus, il est nécessaire que les touristes aient une bonne expérience, et à court terme, ils seront les plus grands promoteurs sur les réseaux sociaux en partageant des vidéos, des photos et des histoires positives sur votre pays. Gérer et analyser cette information peut être fondamental pour les organismes responsables du tourisme du Maroc. De nos jours, la place des responsables de réseaux sociaux, en structure interne ou en consultance, gagne de plus en plus d’importance. La publicité classique devient une chose du passé. Une bonne stratégie sur les réseaux sociaux peut être une façon d’atteindre vos touristes potentiels et d’interagir avec eux.

Par rapport à la destination Maroc, que cherchent principalement les touristes sur internet ?
Dans le cadre de notre étude, nous utilisons toutes les données des meilleurs moteurs de recherche, avec des millions de combinaisons de mots et de mots-clés qui sont classés en 40 brandtags (un brandtag est une catégorie qui comprend des mots-clés spécifiques liés à des activités touristiques et leurs attraits), en 9 langues différentes. D’après les données recueillies, il peut être observé que la plupart des recherches par brandtag se font pour : les plages, la gastronomie, le surf, l’aventure et l’extrême et la randonnée. Les activités de plein air sont les plus populaires.

La marque Maroc se vend-elle bien via Internet ?
Le rapport du nombre de recherches sur le Maroc par le nombre d’arrivées de touristes a augmenté : les gens s’intéressent davantage au Maroc et font de plus en plus de recherches (les recherches ont augmenté de 33% et les arrivées de 2%). Les deux concurrents principaux sur le continent, sont l’Egypte et l’Afrique du Sud. Pour l’Égypte, les recherches sont beaucoup moins nombreuses et les arrivées ont diminué ; en particulier en ce qui concerne le nombre de recherches. Quant à l’Afrique du Sud, les arrivées ont augmenté, mais les recherches ont diminué. Le Maroc possède un grand nombre de recherches génériques (c’est-à-dire des mots clés qui sont généraux, tels que «où aller», « vacances au Maroc »). La part des recherches génériques a augmenté de 15%, ce qui signifie qu’une grande part des recherches provient de nouveaux marchés de touristes, de personnes qui ne connaissent pas bien l’offre touristique Marocaine. Au Maghreb, le Maroc est la destination la mieux évaluée, loin devant ses concurrents.

D’après votre rapport, quelles sont les forces et les faiblesses de la destination Maroc à travers les réseaux sociaux ?
En général, nous pouvons placer la marque touristique du Maroc comme une force globale et régionale. Avec une analyse approfondie de nos données, nous pouvons affirmer que la plupart des touristes potentiels/ internautes, qui effectuent des recherches en ligne sur les activités touristiques du Maroc et leurs attraits, ne connaissent pas bien le pays. Il est beaucoup plus fréquent de trouver des recherches sur « que faire au Maroc » ou « meilleures choses à faire au Maroc », que sur des activités spécifiques, telles que des musées ou la cultre locale. Toutefois, certains touristes internationaux semblent se concentrer sur certains aspects-clés du tourisme marocain comme les plages, la gastronomie, le surf et les sports d’aventure. Pour le moment, il est essentiel de se concentrer sur l’intérêt des touristes internationaux : si ce qui est promu correspond réellement à l’offre touristique du Maroc, et si cela est en adéquation avec les souhaits et attentes des touristes, alors l’attractivité devient réelle.